Vernissage : Le samedi 11 janvier 2025 de 15h à 17h
Mohadese Movahed : Voices of Feathers, Voices of Daggers
Texte de Sara Trapara, traduit de l’anglais par Aude Beauchemin
Née et ayant grandi dans un Iran post-révolutionnaire, Mohadese Movahed est une artiste contemporaine dont le travail explore les complexités psychologiques de la vie sous l’oppression. Actuellement basée à Vancouver, Movahed aborde son expérience du déplacement géographique et de la diaspora à travers la série Voices of Feathers, Voices of Daggers, tout en traitant de la manière dont la résistance et le contrôle, la présence et l’effacement, ainsi que l’espoir et le désespoir façonnent l’expérience vécue. Alors que la révolution islamique de 1979 a transformé de manière radicale tous les aspects de la vie iranienne, l’œuvre de Movahed met en lumière la manière dont les formes de résistance et de protestation survivent malgré la répression totalitaire.
Cette série explore comment l’environnement bâti est modifié par les souvenirs et les expériences de traumatisme, d’oppression et de violence. Movahed mobilise la métaphore du mur pour exprimer la rigidité et l’inflexibilité des régimes autoritaires : les murs de briques et de béton dominent l’espace de ses peintures, accompagnés de clôtures en grillage, de magasins condamnés et de fenêtres barricadées. Ces structures véhiculent visuellement la manière dont les systèmes oppressifs de pouvoir imposent des frontières et contrôlent les espaces publics et privés. Parallèlement, les surfaces des murs sont couvertes de graffitis aux messages de paix, de visages souriants, d’autocollants, d’affiches et de photographies anciennes, illustrant le potentiel transformateur du mur comme lieu d’expression collective et de résistance.
Les œuvres encouragent les spectateurs à réfléchir aux intersections et aux dualités qui redéfinissent continuellement notre compréhension du lieu et de l’identité. Bien que les peintures soient largement dépourvues de figures humaines, les ombres de corps fragmentés sont omniprésentes. La persistance de ces figures évoque à la fois un sentiement de présence et d’effacement, symbolisant la manière dont les régimes oppressifs tentent d’isoler les individus et de réduire leurs voix au silence. Movahed tisse un sens spéculatif du lieu où le désespoir et l’espoir se percutent : des fleurs éclosent dans l’asphalte, des haies envahissent des panneaux de signalisation, et le symbole du mauvais œil protège contre les énergies négatives. En fin de compte, les peintures de Movahed montrent comment les voix des plumes défient celles des dagues, offrant des possibilités radicales d’espoir et de résurgence.