Terra Nova | Regard sur le présent et le futur
Exposition 25ème anniversaire
Sonny Assu, Ingrid Bachmann, Patrick Beaulieu, Judith Berry, Patrick Bérubé, Renato Garza Cervera, Magalie Comeau, Robbie Cornelissen, Shayne Dark, Jannick Deslauriers, Jean-Robert Drouillard, Erika Dueck, Eddy Firmin, Nicholas Galanin, Karine Giboulo, Hédy Gobaa, Dina Goldstein, Adam Gunn, Jessica Houston, Trevor Kiernander, Emily Jan, Holly King, Guillaume Lachapelle, Laurent Lamarche, Éric Lamontagne, Cal Lane, Pierre Laroche, Zeke Moores, Nadia Myre, Michael Patten, Karine Payette, Bevan Ramsay, Jennifer Small, Oli Sorenson, Nicholas Crombach & Nurielle Stern, Diana Thorneycroft, José Luis Torres, Brandon Vickerd, Dana Widawski, Colleen Wolstenholme, Jinny Yu
Texte de Rhéal Olivier Lanthier & Noémie Chevalier
L’humain a toujours été à la recherche de nouvelles frontières, de nouveaux territoires. Mais le temps est venu de se contenter de la planète qu’il occupe, le temps est venu de construire un monde meilleur. Où sommes-nous et où allons-nous? Ces questions sont les prémices indispensables pour que nous puissions entamer les changements nécessaires. La sélection des œuvres au cœur de cette exposition nous permet de porter un regard sur les différents aspects de notre vie et de notre avenir. L’exposition s’inscrit dans la notion de territoire, l’évolution physique et métaphysique de ce dernier, ou encore les circonstances sociales et les responsabilités sociétales qu’on connait sur notre planète. Terra Nova: regard sur le présent et le futur a pour objectif de garantir un environnement de dialogue et de réflexion sur notre future à tous. Comment pouvons-nous penser l’espace pour saisir quelque chose du devenir? Afin de relier la question sociale au territoire, chaque artiste propose une découverte de sa propre vision du monde.
(Actualité)
Nous vivons une crise sanitaire mondiale dont les récents dioramas de Karine Giboulo illustrent la nouvelle réalité que nous vivons tous depuis plusieurs mois. Une situation à laquelle nous ne pouvons plus nous soustraire que ce soit par le port du couvre-visage ou les longues files d’attente à l’entrée des commerces ou encore les achats en ligne sur Amazon. La crise du Covid donne également un nouveau souffle à la réalité virtuelle. Ces nouvelles pratiques émergent et s’accélèrent. À défaut de pouvoir se réunir physiquement, c’est avec un casque de réalité virtuelle que Jean-Robert Drouillard et Karine Giboulo imaginent leurs personnages dans un avenir post-confinement. Finalement, privé de tout contact, l’être humain évolue dans une zone protégée sous surveillance. Chaque vie est contrôlée soit sous l’œil des caméras de Sonny Assu ou à travers les infrastructures numériques et industrielles d’Oli Sorenson.
(Environnement)
Cette crise sanitaire ferait presque oublier la crise environnementale pour laquelle il n’existe aucun vaccin. Par conséquent, des artistes déploient des projets où l’écologie est au cœur de leur démarche. C’est notamment le cas de plusieurs artistes dont l’installation vidéo Maumusson de Patrick Beaulieu. Il aborde de manière poétique, les forces mouvantes et les zones troubles qui caractérisent la relation entre la mer et la terre et entre l’humain et son environnement. Ce phénomène d’érosion montre à quel point le dérèglement climatique aggrave le littoral. Quant à Patrick Bérubé et Jessica Houston, ils ont photographié un panorama où la ligne d’horizon commande notre regard au loin. Ces images présentent la mesure de l’injustice environnementale, tout en ouvrant un espace pour repenser la nature. L’émerveillement et l’apparition de créatures sont à envisager avec les œuvres du duo Nicholas Crombach & Nurielle Stern, d’Emily Jan et de Brandon Vickerd. En effet, par leur réalisation faite à la main ils réimaginent des animaux mêlant le familier et le lointain, le réel et le mythe, devenant ainsi de véritables créatures à part entière.
(Rapports sociaux)
Lun des autres défis est sans conteste de combattre les inégalités sociales et le racisme dans nos sociétés. L’œuvre de Nicholas Galanin My Ears Are Numb fait référence au meurtre de John T. Williams, en 2010, aux États-Unis. Il a été abattu sans aucune raison, prouvant ainsi le risque important qu’encourent les autochtones d’être victimes des interpellations policières. L’artiste a ainsi tendu le drapeau américain sur le cercle d’un tambour dont la baguette est une matraque de policier qu’il a sculptée dans du cèdre rouge, reflétant ainsi la violence ressentie par les autochtones depuis des siècles. Également, l’art d’Eddy Firmin interroge les logiques transculturelles de son identité ainsi que les rapports de forces qui s’y jouent. Sur le plan théorique, il travaille à une Méthode Bossale, soit une proposition de décolonisation des imaginaires en art. Particulièrement, Dana Widawski et Colleen Wolstenholme utilisent les images des femmes pour porter une réflexion sur leur identité à force d’impositions et de contraintes. L’ensemble de ces questions révèlent l’ensemble des conflits sur les genres et la condition féminine.
(Territoire/espace)
Que revêt finalement la notion de territoire? Par leurs détournements, Éric Lamontagne et José Luis Torres modifient le sens des signalisations, du paysage et des objets quotidiens. En façonnant une nouvelle réalité de notre environnement, les artistes convertissent notre sens de la perception par une nouvelle approche de notre conscience collective. Au-delà des délimitations de la Terre que nous pouvons observer à travers les peintures d’Adam Gunn qu’il intitule Island of the Dead (l’île des morts), la course spatiale n’a jamais été aussi forte depuis le dernier alunissage par les États-Unis en 1969. Michael Patten démontre avec sa sculpture Colonization of the Moon la frénétique compétition des pays à vouloir revendiquer son appartenance à un territoire et d’ainsi marquer d’un drapeau les nouvelles délimitations de ses frontières.
(Illusion/onirisme)
L’illusion visuelle est au cœur des démarches de Guillaume Lachapelle et Laurent Lamarche. Les dispositifs des artistes nous plongent dans d’étranges microcosmes ou des mises en scènes manipulées avec soin par des instruments d’optiques (miroir, film dichroïque…) qui nous donnent l’illusion d’une immensité infinie pour Lachapelle ou des sortes de nano-organismes pour Lamarche. À la lisière de l’abstraction, les étonnants paysages de Judith Berry incitent à la contemplation tout en étant empreints d’une irréalité déconcertante. Tandis que dans leurs peintures, Trevor Kiernander et Shayne Dark déploient sur la surface une éclatante vision de la colorisation au pouvoir de l’abstraction pure. Dans leurs projets artistiques, les artistes Dina Goldstein et Jennifer Small s’inspirent de la religion pour recontextualiser la lecture de scènes emblématiques telles que la Pietà et La Cène comme un moyen de retracer des idées si anciennes et pourtant qui se fondent à la perfection dans la culture contemporaine.
Terra Nova : regard sur le présent et le futur nous plonge dans les défis d’aujourd’hui et de demain.