Peinture fraiche et nouvelle construction 2021

Du 17 juillet au 28 août 2021
Peinture fraîche et nouvelle construction – 17e edition : Jaeden Blewett, Charles Bourbeau, Natalie Bruvels, Tayler Buss, Asha Cabaca, Gabrielle Carrère-Legault, Lorna Conquergood, Lisa Cristinzo, Brandon Dalmer, Georgia Dawkin, Rebecca Feaver, Julien Fisher, Chloé Gagnon, Niloo Inaloeui, Meghan Ivany, Erica Jochim, Peter Kohut, Andrée-Anne Laberge, Isabelle Lapierre, François Lespérance, Stephanie Ligeti, Vincent Lussier, Natasha Martel, Hayley Myatt, Laura Paolini, Shannyn Reid, Emily Roffey, Roxy Russell, Bashar Shammas, Agata Wojtowicz

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Texte de Noémie Chevalier

Chaque été depuis dix-sept ans, l’événement Peinture fraîche et nouvelle construction est devenu le rendez-vous annuel pour être en contact avec la nouvelle génération d’artistes, celle qui formera le paysage artistique canadien de demain. La peinture et la sculpture d’aujourd’hui sont multidisciplinaires. Elles récupèrent des techniques d’autres médiums artistiques dont les références se renouvellent grâce à la production de jeunes artistes qui entreprennent d’articuler un langage artistique qui leur est propre.

En découvrant le travail d’Agata Wojtowicz et Meghan Ivany (AUArts), on est saisi par la subtilité de leur réflexion commune soit d’interroger notre relation avec l’objet physique. Wojtowicz et Ivany s’intéressent à la manière dont nous comprenons les objets et à la façon dont notre connaissance est produite à partir d’eux. De façon détournée cette fois-ci, Tayler Buss (University of Manitoba) crée des compositions de juxtapositions étranges, produisant ainsi un effet inquiétant. En re-contextualisant des objets trouvés dans le contexte de la galerie, le visiteur n’ayant pas le droit d’y toucher, cela l’oblige à imaginer les sensations physiques que ces matériaux peuvent susciter.

Au cœur de la pratique artistique de Niloo Inalouei (York University), on retrouve les notions d’identité et de déplacement. L’artiste doit sans cesse négocier avec son sentiment d’appartenance entre deux cultures disparates: perse et canadienne. À travers l’imagination, ses peintures s’appuient sur la mémoire et les structures féministes des diasporas du Moyen-Orient. Les deux étudiants de l’OCAD, Julien Fisher en sculpture, et Erica Jochim en peinture, travaillent sur notre façon d’interagir avec l’art. Ils poussent leur recherche sur l’analyse des interactions soit de l’espace pour Fisher, soit de la race et du corps pour Jochim. Ainsi, leurs œuvres laissent une place à l’interprétation et à l’expérience.

À travers les productions de Cat Attack Collective (Natalie Bruvels & Tomson) et de Laura Paolini (University of Ottawa), chacun nous donne à voir leurs expériences personnelles et de nouvelles trajectoires conceptuelles en art contemporain. Natalie Bruvels travaille en collaboration avec Tomson, son fils de 9 ans. Sous forme de diptyques, leurs peintures correspondent à leur propre expression créative, mais également à l’attention que porte une mère envers son fils. L’œuvre Documentation Study-Images (It’s Like Talking To A Wall) de Laura Paolini décompose ce qui est vu pendant et après une œuvre d’art en direct. Les photographies utilisées sont des images vidéo agrandies et elles retracent la mémoire physique de la performance, en re-présentant des images médiatisées, telles qu’elles ont été vues initialement pendant la performance. Roxy Russell (ULaval) quant à elle montre le détachement qu’on ressent au quotidien avec l’environnement. Ses œuvres sont le reflet d’interrogations sur notre rapport au vivant et notre cohabitation entre humain et non-humain.

Enfin, la sélection diversifiée et stimulante de cette année, nous prouvent encore à quel point les artistes en arts visuels sont garants d’une prise de conscience des réalités de notre monde actuel. C’est tout particulièrement le cas des œuvres de Vincent Lussier (UQAM) et Georgia Dawkin (Grenfell Campus Memorial University). De plus, il s’agit d’une opportunité particulièrement instructive pour les artistes participants, la plupart sont confrontés pour la première fois à la vente de leurs œuvres et à la relation avec une galerie d’art commerciale. Il n’en est pas moins une occasion remarquable pour débuter une collection d’œuvres originales. Aussi, en soutenant la carrière d’artistes émergents, il y a quelque chose de très encourageant, surtout lorsque ces derniers poursuivent ensuite de grands projets.