Peinture fraîche et nouvelle construction 2017

Du 15 juillet au 26 août 2017
Vernissage : Le samedi 15 juillet de 15 h à 17 h
Peinture fraîche et nouvelle construction – 13e édition

Yasmeen Nematt Alla, Jeffrey Altwasser, Angie Arsenault, Anne-Marie Bélanger, Carly Belford, Danielle Bennett, Eleanor Boyden, Michelle Bui, Kyle Bustin, Natalie Castrogiovanni, Tianma Chu, Clara Couzino, Luc Dansereau, Eduardo Della Foresta, Caroline Deschênes, Antoine Duhamel, Sana Faheemuddin, Marie-Eve Fréchette, Catherine Gauthier, Ursula Handleigh, Melika Hashemi, Veronica Keith, Caro LaFlamme, Julien Lebargy, (Sang) Min Lee, Audrey Leroux-Jones, Jess Lincoln, Alastair Martin, Sara Maston, Eric McKay, Audie Murray, Eryn ONeill, Marie-Soleil Provençal, Kizi Spielmann Rose, Marion Schneider, Scott Smith, Veronique Sunatori, Chelsey Thiessen, Marko Tonich, Sarabeth Triviño, Hailey Van Doormaal, Denise St Marie & Timothy Walker, Nic Wilson.

Texte de Suzanne Viot

Les œuvres réunies dans Peinture fraîche et nouvelle construction ont été sélectionnées parmi les propositions d’étudiants des départements de sculpture et de peinture de quinze universités canadiennes. On peut s’interroger sur la pertinence du maintien des spécialisations par médium dans les écoles, alors que certains artistes ont anéanti les frontières entre peinture, sculpture et performance il y a un demi-siècle. Pourtant, en création, la contrainte est souvent inspirante. Et tout apprentissage nécessite de se concentrer sur un sujet ou une pratique pour en éprouver le potentiel d’affinités.

Cette édition de Peinture fraîche et nouvelle construction atteste que l’esthétique contemporaine ne laisse aucun médium de côté pour s’exprimer et évoluer. Les artistes usent indistinctement de procédés traditionnels et de techniques innovantes, s’amusant même à les faire dialoguer au sein d’une même œuvre. Certains allient les nouvelles technologies à la récupération (Eduardo Della Foresta); ailleurs, on retrouve les éléments d’une installation dans une image numérique, ou encore une image numérique prise comme ready-made dans une installation (La vue de Couzino). Comme le décrit Jean Baudrillard dans Hyperréalités, notre environnement est fait d’une multitude de représentations, un phénomène exponentiel depuis les années 60. L’art nous permet de nous jouer de cette prolifération, d’y adjoindre un peu de poésie.

D’autres œuvres relèvent du détournement ou du pastiche, comme ce flacon de parfum en forme d’obus avec son emballage et sa description commerciale, par Catherine Gauthier. L’humour peut aussi simplement résulter du décalage entre la représentation et les matériaux utilisés. C’est le cas des feuilles de brouillon froissées de Chelsea Thiesen, en porcelaine délicate. Chez Véronique Sunatori, le décalage est sémiotique : les deux miroirs de You, Me se regardent, mais que voient-ils? Même métaphore visuelle dans Hang In There, où l’on peut voir deux manches à air reliées l’une à l’autre et attachées aux deux extrémités d’une balance. Leur inertie pondérée a quelque chose de cocasse : en se liant ainsi, les manches perdent la chance d’être à nouveau traversées par le vent. Ailleurs, de petits moteurs viennent animer des sculptures conceptuelles et souvent humoristiques. Ces clins d’œil sont parfois empreints d’une certaine gravité. En effet, diverses propositions n’hésitent pas à confronter le regardeur à la réalité du monde contemporain: le genre, le travail, les violences policières, le Big data…

De la sculpture minimaliste à la figuration narrative en passant par le street art et l’abstraction lyrique, les différents courants artistiques de la fin de 20ème siècle et du début du 21ème siècle se trouvent cités par les jeunes artistes. Quelques propositions d’étudiants autochtones s’inspirent même des techniques traditionnelles (perlage et tissage). Une variété qui s’accorde bien au caractère de la galerie, qui affectionne les va-et-vient entre concept et savoir-faire artisanal.