Grandeur nature

Du 5 novembre au 17 décembre 2016
Vernissage : Le samedi 5 novembre de 15 h à 17 h
Grandeur nature, Exposition collective soulignant le 20 ième anniversaire
Ingrid Bachmann, Patrick Beaulieu, Patrick Bérubé, Simon Bilodeau, Renato Garza Cervera, Caroline Cloutier, Robbie Cornelissen, Leonard Getinthecar (Nicholas Galanin, Jerrod Galanin, Nep Sidhu), Jannick Deslauriers, Jean-Robert Drouillard, Sarah Garzoni, Emily Jan, Laurent Lamarche, Éric Lamontagne, Clint Neufeld, Nicholas Crombach, Karine Payette, Pierre Ayot, Rebecca Belmore, Lucy Howe, Guillaume Lachapelle, Cal Lane, Pierre-Etienne Massé, Zeke Moores, Nadia Myre, Pierre&Marie, Bevan Ramsay, Cooke-Sasseville, David Spriggs, Brandon Vickerd
Art Mûr, Montréal (QC)

Texte de Rhéal Olivier Lanthier et François St-Jacques

La taille d’une œuvre d’art joue un rôle déterminant dans la perception que cette œuvre suscitera. La miniature, par exemple, par sa réduction d’un univers réel ou fictif, aiguille la vision et crée un sentiment de distance physique. Elle oblige le spectateur s’approcher et commande une attention particulière afin de percevoir les subtilités de son modèle réduit.

De nouvelles technologies de production permettent à un plus grand nombre d’artistes de créer des œuvres surdimensionnées. Sur le plan spatial, la relation que ces œuvres entretiennent avec le spectateur est à l’opposé de la miniature. Souvent composées d’éléments simples, celles-ci nécessitent une certaine distance afin d’être perçues et appréciées. Les œuvres de grand format relèvent principalement du domaine public et semblent souvent au-delà de notre portée. On ne peut les cerner, car elles sont principalement conçues pour interagir avec leur environnement immédiat.

Que’en est-il alors de l’œuvre grandeur nature? La relation entre l’œuvre et le spectateur est indéfinie lorsqu’il s’agit d’un ratio 1 pour 1. On ne questionne pas le statut de l’œuvre miniature ou de l’œuvre surdimensionnée, mais il en est bien souvent autrement pour l’œuvre grandeur nature. Le premier réflexe est de remettre en question la classification de l’objet : suis-je devant une œuvre d’art ou tout simplement un objet du quotidien, un animal, une vraie personne? Parfois, la vraisemblance de l’œuvre crée un inconfort : quel comportement adopter face à un objet d’une inquiétante étrangeté? Les sentiments qui découlent de cette rencontre sont similaires à ceux que nous éprouvons dans d’autres sphères du quotidien, ce qui est précisément la source de l’inconfort.

La relation spatiale qui lie le spectateur à des objets à échelle humaine est au cœur de l’expérience artistique des œuvres de ce format. Comme si le spectateur pénétrait le tableau pour assumer le rôle d’un élément au sein de la composition picturale. C’est ce sentiment que l’exposition Grandeur nature / Life Size exploite. Dans le cadre de cette exposition 20ième anniversaire, nous avons transformé la galerie en un grand tableau dans lequel le visiteur pourra déambuler. Au sein de cette composition réaliste, certains spectateurs demeureront inertes. C’est pour nous une invitation à découvrir ce que des œuvres d’art peuvent générer de charge émotive dans un espace de vie.