Vernissage : Le samedi 7 novembre de 15h00 à 17h00
IvanovStoeva :point de vue / point de fuite
Chaque perception comme communication : IvanovStoeva et le pouvoir de l’horizon
Par Vincent Marquis, traduit de l’anglais par Anaïs Castro
« La chose ne peut jamais être séparée de quelqu’un qui la perçoive, » a écrit il y a plus de soixante-dix ans l’influent Maurice Merleau-Ponty dans son œuvre La phénoménologie de la perception. En d’autres mots, l’objet n’est jamais complet en lui-même puisque il se positionne continuellement en relation avec le corps et le regard du sujet qui l’interprète et le saisit. En ce sens, les objets et les espaces que ceux-ci habitent ne sont pas fixes, mais évoluent en acquérant une signification spécifique aux expériences des individus avec qui ils réagissent. À cet effet, Merleau-Ponty conclut que « chaque sensation [se définit] comme coexistence ou comme communion. »
C’est précisément ce contact significatif entre objet et sujet qui constitue le noyau autour duquel s’articule le travail du duo artistique IvanovStoeva. Dans point de vue / point de fuite, les artistes donnent forme à cette rencontre sensorielle en faisant appel à la notion d’horizon. À travers l’utilisation de DEL et de tubes fluorescents IvanovStoeva emprunte, fausse et régit le médium de la lumière dans le but d’obtenir une abstraction de la ligne d’horizon. Les œuvres, selon les artistes « offrent au spectateur une découverte sensorielle qui a nécessairement un impact sur la perception des matériaux et donc sur la perception de l’espace dans lequel ils prennent forme. »
Cet intérêt pour l’horizon est le résultat d’une recherche artistique prise en charge par Dimo Ivanov et Sonia Stoeva. Comme l’expliquent les artistes, l’horizon détermine un point entre le mouvement et le regard, entre perception et action, entre une compréhension de l’espace et l’expansion extérieure du sujet. La ligne d’horizon est désormais plus qu’une simple ligne géométrique, elle hérite d’un fort potentiel conceptuel.
En effet, l’horizon nous permet de nous positionner au sein d’un espace qui s’offre à nous. Dans les mots des artistes : « l’horizon n’est pas un simple cercle qui définit le visible, il signale notre présence dans le monde. » Il nous positionne au centre et nous désigne comme point de vue. L’horizon est une composante clé et invariable de notre relation au monde. Ultimement, c’est l’objectif de point de vue / point de fuite : libérer un espace (littéralement) dans lequel l’expérience de l’horizon de chacun devient la source d’une communion, un endroit où tous deviennent conscient de la singularité leur position inaltérable dans le monde.