Peinture fraîche et nouvelle construction 2012

Du 14 juillet au 1 septembre 2012
Peinture fraîche et nouvelle construction
42 Artistes | 11 Universités
Vernissage : Le samedi 14 juillet de 15h00 à 17h00

Ryota Aoki, Jessica Arseneau, Matthieu Bouchard, Gabriel Bribeau, Kyla Brown, Mark Butler, Marilyse Chaussée, Patrick Cull, Alishia Ellis, Mathieu Gagnon-Cardin, Natasha Gusta, Diana Hosseini, Nathaniel Hurtubise, Magali Hébert-Huot, Olivier Hébert, James Kemp, Ji Yeon Kim, Braden Labonté, Jean-Gabriel Lebel, Mario Leblanc, Alexis Lepage, Antoine Lortie, Julian Majewski, Jessica Massard, Virginie Mercure, Laura Mitrow, Michael Mogatas, Caroline Mousseau, Mélanie Myers, Rob Nicholls, Justin Pedersen, Marianne Pon-Layus, Solafa Rawas, Sherrie Rennie, Joshua Roach, Shannon Scanlan, Luke Siemens, Audrey St-Laurent, Patrick Sternon, Helen Teager, Sarah Tue-Fee, Christopher Varady-Szabo

 

Texte de Ève De Garie-Lamanque

Chaque nouvelle édition de Peinture fraîche et nouvelle construction est précédée chez nous d’une longue période d’anticipation spéculative durant laquelle nous nous plaisons à imaginer la facture, le contenu et la portée des oeuvres estudiantines qu’auront alors sélectionnées les professeurs des programmes et facultés invités. L’exposition collective résultant de cette initiative, sans avoir la prétention d’être représentative de l’ensemble d’une génération en art visuel, donne cependant le pouls du moment, tout en laissant transparaître l’esprit créatif distinctif animant chacune des universités participantes et les démarches individuelles originales qui en émergent.

Chaque nouvelle édition est également l’occasion, pour votre humble serviteur, de compiler de nouvelles données dans le cadre de notre étude toute darwinienne, profondément non-scientifique et sans prétention, de la lente évolution des mouvements intrinsèques animant la peinture et la sculpture pancanadienne. Notre constat, en ce qui concerne le volet actuel de l’événement, est d’abord que la sculpture cinétique et la technologie (qu’elle soit désuète ou à la fine pointe) brillent par leur absence; que l’éclatement des matériaux et autres matières premières se poursuit toujours; et que le processus créatif est mis au premier plan par plusieurs – conceptuellement ou concrètement.

Au fil des ans, la démocratisation des matériaux et des sujets gagne semble-t-il sans cesse du terrain, alors que la frontière entre les catégories plus ou moins bien définies structurant autrefois le monde de l’art se brouille toujours davantage. Un bon exemple de cette démocratisation serait le Post-it – matériau banal s’il en est –, qui fait aujourd’hui partie intégrante du quotidien créatif de plusieurs artistes, dont Wanda Koop; a fait son entrée au musée, avec entre autres Geoffrey Farmer; et a consisté en la munition privilégiée durant les Post-it Wars de 2011-12, soient des interventions pouvant être qualifiées de « pratiques furtives1 » qui, alors qu’elles ont été perpétrées hors de l’institution par des « non-artistes », sont l’objet d’études par des historiens de l’art.

Cette ouverture quant aux matériaux et ce rejet de la catégorisation transparaissent dans la sélection de cette dernière édition de Peinture fraîche et nouvelle construction. La pratique de Jessica Massard (University of Waterloo), qui sculpte en utilisant de la peinture acrylique, pourrait ainsi être qualifiée à la fois de picturale et de sculpturale; et la démarche de Julian Majewski (University of Western Ontario) explore la notion de marginalité par le biais de la complexe relation existant actuellement entre high art et street art. Ses oeuvres se trouvent à la croisée des chemins et soulèvent des questions particulièrement criantes d’actualité, à une époque où le street art – qui était autrefois tout autant tenu à l’écart par l’institution qu’il se maintenait volontairement hors d’un système soumis aux aléas du marché et à de nombreuses conditions contraignantes – est de plus en plus célébré par les institutions muséales. Cette situation, qui comporte son lot de contradictions et de complications, n’accuse pas que de succès, tel que l’aura démontré l’épisode controversé de la murale Blu, peu avant le lancement de l’exposition Art in the Streets au L.A. MOCA, le 17 avril 2011.

Tout aussi marginales et innovatrices, dans leur rapport aux matériaux, sont par exemple les productions de Joshua Roach (University of Manitoba), Patrick Cull et Shannon Scanlan (tous deux de la York University). Ces dernières accordent une grande importance au processus de réalisation de l’oeuvre et privilégient l’imperfection. De telles pratiques, au même titre que le ready-made, l’arte povera et le pop art (qui, revisités, ont également leur place dans le cadre de cette exposition collective), sont de la plus grande pertinence dans la société capitaliste et médiatique actuelle, dans laquelle les objets, constructions architecturales et autres produits faits de main d’homme sont conçus pour être consommés et remplacés promptement. Et si la prolifération des objets est un caractère distinctif de la société de consommation, il est en tout autant de la prolifération des images. Leur bombardement – auquel nous sommes constamment assujettis – a un impact certain sur cette nouvelle génération d’artistes qui puise son inspiration tantôt dans l’histoire de l’art, la publicité, les circulaires, le cinéma et l’Internet. Il s’agit, après tout, de la dernière génération à avoir simultanément grandit avec le catalogue Distribution aux Consommateurs et Google Images

1. Nous empruntons le terme à Patrice Loubier.

Catalogue des oeuvres disponibles