Si l’été est synonyme de relâche pour le milieu des arts visuels à Montréal, chez Art Mûr c’est l’occasion de se tourner vers l’avenir. En effet, depuis maintenant sept ans, « Peinture fraîche / Nouvelle construction » permet de mettre en lumière le meilleur de la peinture et de la sculpture étudiante. L’évènement s’avère aussi un véritable tremplin. À titre d’exemple, l’an dernier le tiers des finalistes du prestigieux Prix de peinture RBC avait préalablement fait partie de notre exposition de la saison chaude.
La sélection des artistes de l’exposition est assurée par les départements d’arts visuels des huit universités de l’Est du Canada que la galerie a invités. Même si aucun sujet n’est imposé, certaines tendances semblent se dessiner au sein des participants. Entre autres, le mot « exploration » revient systématique dans la majorité des textes de démarches de ces jeunes créateurs. Cette récurrence linguistique, dont l’orthographe est identique en français et en anglais, témoigne aussi d’une thématique qui au cœur des préoccupations de ces praticiens. Ce leitmotiv n’est pas seulement pertinent en contexte pédagogique, il prend aussi plusieurs déclinaisons stylistiques et poétiques.
Tout d’abord, l’exploration affiche plusieurs formes dans l’exposition, dont dans des oeuvres qui suggèrent des récits de voyage. Christopher St. Amand (Ottawa) – à travers ses installations qui tentent de déjouer notre perception par leur échelle – nous entraîne dans des expéditions dans des territoires boréaux fictifs. Parallèlement, les sculptures en papier découpé de Tong (Raine) Shen (Waterloo) – qui reproduisent le brouillard au pied des chutes du mont Tai de sa Chine natale – nous offrent des panoramas exotiques. Ces deux artistes, chacun à leur manière,nous plongent en plein dépaysement avec leurs humbles odyssées tirées de leur quotidien peu commun.
Ensuite, l’introspection, comme technique d’autoanalyse pour explorer l’imaginaire, revient chez Mee-Jeong Chae (Ottawa) et Gabrielle Lajoie-Bergeron (Laval). Leurs œuvres nous plongent dans des univers oniriques et personnels. Leurs travaux nous rappellent ceux des artistes surréalistes et symbolistes qui, par le biais de la création artistique, ont tenté de percer les secrets de l’inconscient et du rêve.
Enfin, il ne faut pas oublier la peinture abstraite. Celle-ci s’est toujours défendue, par ses recherches formelles, d’approfondir les possibilités plastiques. Christian Gravel (Laval) et Alison Shields (Waterloo) s’avèrent être parmi les rares représentants d’un art non figuratif. Leurs tableaux, dont la composition est soigneusement étudiée, témoignent de beaucoup de doigté dans l’organisation graphique.
Toutes ces variations sur le motif de l’exploration ne sont que quelques exemples de la production de ces jeunes praticiens en période d’apprentissage et de perfectionnement. En résulte une exposition surprenante avec des pièces éclectiques. Somme toute, « Peinture fraîche / Nouvelle construction 2011 » est une aventure autant pour la galerie, les artistes qui y participent et les visiteurs. C’est un lieu pour la découverte, les péripéties et l’enrichissement.