Accumulations

Du 18 Août au 22 septembre 2007
Flavio Trevisan : Accumulations

Texte de Geneviève Lafleur

L’architecture repose sur une multitude de principes méthodologiques rigoureux qui permettent notamment de déduire le processus de confection d’une construction finale en fonction des besoins qu’elle aura à combler.

Allant à l’encontre de la nécessité de connaître la finalité d’un projet avant même de l’avoir entamé, Flavio Trevisan laisse plutôt l’intuition le guider vers la pièce achevée. Bien que lui-même diplômé en architecture, Trevisan avoue préconiser l’évolution de l’oeuvre en soi par l’accumulation des couches et la superposition des matériaux à une exécution qui mènerait à un aboutis-sement prédéterminé.

La minutie dont il fait preuve ainsi que le choix de matériaux couramment utilisés dans la confection de maquettes ne sont pas sans évoquer les antécédents de l’artiste. L’héritage architectural de Trevisan est nettement perceptible à travers la série Logic (2005), qui rappelle le style du gothique rayonnant avec ses pointes acérées, des modulations de volumes tranchées et audacieuses ainsi qu’un penchant équivoque pour la verticalité des sommets.

Trevisan manipule les formes et volumes dans une optique géométrique topologique, exploitant les mathématiques de la distorsion à des fins artistiques. Ainsi, les sculptures de Logic peuvent, d’un point de vue topologique, se réduire à des cylindres déformés à outrance. L’intérêt de l’artiste pour les mathématiques est aussi signalé par le titre qu’il accorde à chacune des six pièces qui composent la série : OR, NOT, on, AND, NOR, off s’avèrent des propositions booléennes, fonctions logiques fondamentales en algèbre.

À travers cette même série,Trevisan se plait à déjouer l’oeil du spectateur en bouleversant ses repères tridimensionnels, déplaçant le point de fuite, composante essentielle de la perspective conique. Ainsi, l’artiste greffe des notions de perspective, employées dans des oeuvres bidimensionnelles afin de créer l’illusion d’une profondeur, à une oeuvre tridimensionnelle; il en résulte une déformation supplémen-taire qui rejoint encore une fois les principes de la topologie. Trevisan déforme les volumes, plie les cartons, distord les tracés afin de faire évoluer les formes, de repousser et questionner leurs limites physiques, plastiques, réelles.

La particularité de ses oeuvres aux formes étonnantes repose en l’ingéniosité des charpentes créées pour les soutenir. Le talent de l’artiste n’est donc plus jugé face à l’objet fini, superficiel, mais en connaissance du processus, la structure se trouvant dévoilée, avouée.