Je travaille à partir de maquettes, de décors miniatures construits dans mon atelier, puissamment éclairés par des projecteurs, puis photographiés. Le paysage est un thème récurrent dans mon oeuvre, chaque suite explorant ce sujet dans un nouveau contexte. Je m’intéresse à la tension qui existe entre l’artifice et l’illusion générée. Ces oeuvres grand format permettent au spectateur de s’imaginer qu’il pénètre réellement dans ces lieux inventés. Elles sont conçues pour faire appel aux souvenirs de paysages réels et puiser à d’autres sources, comme le film ou diverses références artistiques, historiques ou littéraires, et sont décodées différemment par chaque spectateur, qui l’interprète à partir de sa propre expérience du paysage. La suite Coming into View vient de l’idée du paysage en tant que portrait intime. La forme ovale fait référence aux portraits photographiques où l’image d’un visage ou d’un corps est amoureusement conservée et chérie dans l’intimité de l’ovale. Ces grandes photographies s’enroulent métaphoriquement autour du spectateur et proposent une vision intime de paysages parfaits, sublimes, compositions compactes enserrées par l’ovale.
Dans d’autres oeuvres, comme Beauty, Slope and Lush (2002-2004) , j’examine l’interaction entre l’histoire du paysage photographié et celle du paysage peint. Dans ces photographies ovales, la miniature et la complexité du détail rappelant Constable s’opposent à l’immensité grandiose du sublime. Les liens entre l’intime et l’infini s’y entrelacent, complices. Certaines oeuvres récentes de la suite The Transcendent Sublime sont des giclées sur papier aquarelle texturé. Cette technique d’impression augmente l’intensité du paysage fabriqué et peint, qui se réfère alors fortement à des peintres tels Caspar Hauser Friedrich et J.W. Turner. Ces photographies de format moyen invitent à un examen plus en profondeur. Midnight Revealed et Verdigris Suspended montrent une profusion de branches entremêlées qui défient l’orientation spatiale du spectateur, avec leurs racines pointant vers le ciel, que l’on prend tout d’abord pour des arbres. Mon travail comprend beaucoup de renversements : photographies ressemblant à des peintures, surfaces peintes ressemblant à des ciels, et objets aux apparences trompeuses. L’eau et le ciel en constante transformation, avec leur panoplie de formations nuageuses, de couleurs, de mouvements, créent des états d’âme et des atmosphères. Les régions spéculaires animent le ciel et symbolisent les émotions et la rencontre des idées, images envoûtantes auxquelles le spectateur peut s’identifier et où il peut pénétrer grâce à son imagination.