Brigitte Radecki : Montagne de soleil

Du 8 mars au 26 avril 2025
Vernissage : Le samedi 8 mars 2025 de 15 h à 17 h
Brigitte Radecki : Montagne de soleil

Texte de Adèle Melot

Œuvre tridimensionnelle ou surface bidimensionnelle trompeuse ? Dans ses séries Flatland 2017-18 et Blind Folds, l’artiste québécoise d’origine allemande Brigitte Radecki se place à la frontière entre la sculpture et la peinture, deux disciplines au cœur de sa pratique. Les volumes qui semblent se détacher des panneaux de la série Flatland se révèlent n’être qu’une construction artificielle créée par la juxtaposition de plans colorés, peints en aplats à l’acrylique. Le jeu d’ombres et de lumières, obtenu grâce à une subtile alternance de nuances au sein d’une palette monochromatique, renforce l’illusion d’objets en apesanteur. L’application de ces bandes de couleurs forme des figures géométriques qui, combinées aux effets de la perspective, imitent l’effet du papier plié. Un avion, un bateau ou même une cocotte en origami… les peintures de Flatland et de Blind Folds puisent dans l’imaginaire enfantin par l’utilisation de formes géométriques simples et d’une gamme de couleurs vives et lumineuses.

Là encore, l’artiste brouille les pistes. Malgré l’aspect ludique et l’apparente simplicité des œuvres qui composent les séries Flatland et Blind Folds, leurs titres suggèrent en effet une signification plus profonde – citons par exemple les œuvres achieve / decide / rebuild de la série Flatland, disappear / unfolding the dark / split screen de la série Blind Folds. Brigitte Radecki utilise des verbes d’action qui renforcent le dynamisme de ses œuvres. Ces titres peuvent non seulement évoquer ses propres ressentis mais incitent également à l’introspection, l’interprétation des œuvres n’étant pas figée mais se construisant dans un dialogue entre leurs spectateur.rice.s et leur créatrice. Les regardeur.euse.s sont limitées par les frontières au sein de leur pensée et de leur perception ; de la même manière que le roman éponyme d’Edwin A Abbott, Flatland nous invite à dépasser ces frontières et à explorer de nouvelles dimensions.

Si les œuvres de la série peuvent paraître très organisées de prime abord par l’utilisation de figures géométriques anguleuses, elles cachent des formes plus chaotiques, fruits du hasard comme le laisse deviner le titre de sa série Blind Folds. Des projections incontrôlées de peinture sur le sol inspirent les premiers traits de ses œuvres. Elle fait ensuite apparaître les contours d’un papier froissé projetés sur un plan ou encore les silhouettes que lui dictent ces traces aléatoires. Par ce processus créatif relevant de l’automatisme, Brigitte Radecki intègre une couche de sens supplémentaire aux toiles : en introduisant le hasard dans sa démarche artistique, l’artiste fait intervenir son inconscient et se réapproprie son œuvre.