Vernissage : Le samedi 15 juillet 2023 de 15 h à 17 h
Peinture fraîche et nouvelle construction – 19e édition
Artistes : Hamid Amiri, Maryam Bagheri, Héritier Bilaka, Mathieu Lef Bouchard, D’Andrea Bowie, Charles Boyer-Cazelais, Tyler Burey, Colin Canary, Ferhat Demirel, Jacinthe Derasp, Chanel DesRoches, Claire Drummond, Lucy Gill, Joanni Grenier, Brandi Heilman, Anne-Sophie Jetté, Camille Labranche, Erica Mae Lepiten, Jacob Lepp, Mahdi Mahdian, Nasim Makaremi Nia, Gillian O. Petten, Laura Pohl, Marie-Pierre Ranger, Shannyn Reid, Olivier Roscanu, Bashar Shammas, Morgan Steeves, Leslie Sweder, Sylvia Trotter-Ewens, Sampson T. Vassallo, Elisa Vita, Risa Witten.
Les universités participantes : Alberta University of the Arts, Calgary (AB), University of Regina (SK), University of Manitoba (MB), York University, Toronto (ON), Université OCAD, Toronto (ON), Université d’Ottawa (ON), Université Concordia, Montréal (QC), Université du Québec à Montréal (QC), Université Bishop’s, Sherbrooke (QC), Université Laval (QC), NSCAD University, Halifax (NE), Grenfell Campus Memorial University (NL).
Texte de Béatrice Larochelle
L’exposition de groupe Peinture fraîche et nouvelle construction est un rendez-vous annuel à ne pas manquer. Comme chaque mois de juillet à la galerie Art Mûr, plusieurs universités canadiennes nous ouvrent les portes de leurs ateliers d’arts visuels. Elles nous proposent une visite de premier plan au coeur des fascinants travaux en sculpture et en peinture de leurs cohortes actuelles. Il s’agit d’une occasion exceptionnelle pour découvrir les pratiques les plus émergentes de la scène artistique canadienne et les futures générations d’artistes professionnel∙les à venir. Ces nouvelles pratiques artistiques réinventent et défient les limites des médiums que nous connaissons déjà, mais surtout, se répondent. Il est particulièrement intéressant de noter les thématiques et vocabulaires plastiques qui transcendent les frontières géographiques de ces universités.
Pour cette dix-neuvième édition, une forte proposition en textile est déployée dans l’espace de la galerie, en débutant avec le travail de broderie de Shannyn Reid (Université York). Jouant sur nos conceptions de l’utile et du jetable, Reid reproduit des objets familiers de valeur moindre en de délicats tissus brodés. Des sculptures dites molles en résultent, détournant nos repères à la matérialité. Maryam Bagheri (University of Manitoba), mélange ingénieusement la peinture acrylique au tissage dans ses tableaux géométriques montés sur des métiers à tisser artisanaux. Dans les sections découpées de la toile tendue, le coup de pinceau se soustrait aux fibres textiles.
Gillian O. Petten (Grenfell Campus Memorial University) utilise la méthode de la courtepointe pour en confectionner un refuge dans son œuvre A safe space for an unsafe mind. Reprenant l’imaginaire du fort de couvertures que l’on bâtissait enfant, Petten fabrique un abri pour sa santé mentale. Laura Pohl (Université Bishop’s) adopte plutôt la courtepointe comme le sujet de ses toiles. Issus d’une recherche sur l’histoire de la courtepointe américaine, ses drapés en acrylique récupèrent des motifs traditionnels dans un exercice astucieux de lumières et de mouvements.
Toujours en peinture, nombre d’artistes de cette cohorte travaillent l’abstraction, chacun apportant un regarde nouveau sur ce procédé. C’est le cas de Leslie Sweder (Grenfell Campus Memorial University) et de Jacinthe Derasp (UQAM) qui exploitent des lignes et vagues de manière répétitive sur la toile, créant des motifs distincts rappelant des éléments organiques. Tyler Burey (Université OCAD), pour sa part, retranscrit ses formes abstraites sur du plexiglas. Celles-ci s’apparentent largement aux tâches du test de Rorschach, mais dans une facture colorée et translucide; une façon pour l’artiste de réfléchir les corps queer.
L’abstraction se manifeste également en sculpture dans cette 19e édition. Jacob Lepp (Université Concordia) embrasse le processus d’improvisation pour construire ses installations de contre-plaqué et de feutre. Se réappropriant des scraps de bois inutilisé et de la laine teinte, Lepp transforme ces matériaux en nids de protection, ou en échafaudages provisoires. Mathieu Lef Bouchard (Université Laval) reprend une démarche similaire. Collectant des matériaux de construction divers, celui-ci façonne des objets sculpturaux d’une manière intuitive et poétique.
La collecte de matériaux trouvés et le glanage d’objets sont également des méthodes utilisées par les étudiantes de l’UQAM Joanni Grenier et Anne-Sophie Jetté. Par des excursions dans des carrières de marbre et de calcaire abandonnées, Grenier taille et intervient de manière brute sur les pierres collectées. En contrepartie, Jetté nous propose des objets hautement détaillés, à la fonctionnalité incertaine. Rassemblant des archives et souvenirs d’une enfance passée, ou peut-être construite de toute pièce, l’artiste constitue des cabinets de curiosités et des instruments en bois. Ceux-ci nous évoquent le sentiment d’entrer dans l’atelier d’un∙e archéologue en pleines recherches.
Enfin, cette incursion dans l’univers foisonnant des différents départements en arts visuels de ces universités nous donne un accès privilégié aux pratiques artistiques de demain. Nous y découvrons des réponses sensibles aux enjeux actuels du monde, et des propositions esthétiques empreintes d’une grande créativité.