Lucas Aguirre: A Constructive Instability
Commissaire : Samuel-Arsenault-Brassard
artiste et commissaire d’ELLEPHANT VR
Texte de Samuel-Arsenault-Brassard
Lucas Aguirre est un peintre qui a basculé sa pratique artistique vers le monde de la réalité virtuelle et de l’art numérique. Ses peintures et ses dessins montrent des portraits dramatiques, des forces mystérieuses qui explosent de manières irréelles. Sa main démontre une compréhension intime de la lumière et des ombres.
Les mondes virtuels qu’il crée sont une évolution directe de ses peintures et il porte la même passion, la même sensibilité. C’est un des aspects uniques de ses œuvres en réalité virtuelle, elles sont picturales, elles explorent un nouveau langage hybride. Lorsqu’il y a un désordre, ce n’est pas un désordre digital, c’est la trace d’une coulée de peinture, les traces d’un crayon dans les airs qui s’entremêlent avec les ombres de corps numérisés, réimaginés. Les qualités uniques de la réalité se mélangent et s’entortille dans le monde digital, y créant un contraste et un conflit constant qui charge l’atmosphère émotionnelle des environnements.
Pour Lucas, ses voyages entre la peinture et la réalité virtuelle sont une danse, une partie essentielle de son processus. Il saute d’une technique à l’autre : les personnages digitalisés, les traces de peintures, la manipulation et la production finale en réalité virtuelle. Ses expérimentations l’ont aussi porté à peindre sur ses œuvres digitales. Ces bonds frénétiques entre idées et médiums démontrent une passion et une exploration enjouée des outils digitaux. Les résultats sont fascinants, des images, des mondes qui demandent à être habités pour qu’on puisse les ressentir pleinement. Des mondes complexes qui maintiennent les traces du travail humain, de l’artisanat.
Le travail physique présenté consiste d’une série d’horizons dynamiques, des figures fusionnées pleines de détails et de mouvements. Ces larges compositions démontrent la passion de l’artiste qui se lance dans son travail de manière acharnée. Elles agissent aussi comme une mise en scène qui prépare le terrain à la transition à l’expérience en réalité virtuelle. Ici, les visiteurs ont une expérience inversée, un espace infiniment vide avec une seule présence et un espace sonore par Franco Bellavita.
Dans cette série, Lucas explore la tension constante de l’instabilité, faisant référence aux jours présents. Nous apercevons la dématérialisation de l’espace, de la réalité. L’émergence des rêves est manifestée en matière digitale, une extension de l’ensemble corps/esprit. Nous explorons le moment avant l’effondrement, l’équilibre fragile, la beauté de la faiblesse. Les émotions deviennent visibles, elles éclatent brutalement à travers le ciel.
Ces moments émotionnels intenses sont des opportunités uniques pour un changement profond. Nous voici, au précipice du monde, à la fin des temps, prêt à tout changer.
Pendant cette fraction de seconde, tout est perdu dans un mouvement complexe. Ce moment de possibilités infinis représente notre excitation pour le changement, pour l’émergence de la prochaine évolution.