Emily Jan : The World Is Bound By Secret Knots (Le monde est lié par des noeuds secrets)
Texte d’Emily Jan et de Marie-Hélène Lemaire
The World is Bound by Secret Knots est une installation qui est née d’une rencontre d’Emily Jan avec la biodiversité de l’Amérique du Sud équatoriale et qui, au fil du temps, s’est développée pour devenir une méditation sur la complexité et la fragilité des écosystèmes tropicaux.
Le titre de l’exposition fait référence au polymathe Athanasius Kircher, considéré comme « le phénix des savants » du XVIIe siècle, avec The Magnetic Kingdom of Nature (Le Royaume magnétique de la nature), 1693. Comme l’exprime le Musée de la technologie jurassique : « En fin de compte, Kircher voyait l’attraction et la répulsion magnétiques comme la lingua franca de toute création, gouvernant amitié, amour, sympathie, haine, réactions chimiques, action planétaire, héliotropisme, les plantes, les plantes médicinales et les pierres, le vent, l’hydraulique, les marées, l’harmonie musicale ; même la nature de Dieu, que Kircher considère comme « l’aimant central de l’univers ». Alors que la science se rapproche d’une théorie de champ réalisable, la compréhension philosophique intuitive de Kircher de l’interdépendance de toutes choses semble de moins en moins naïve ».
À la fois histoire naturelle et invention, ce bestiaire d’êtres hybrides d’Emily Jan aborde le flou ontologique qui se produit entre plante/animal/champignon, le flou temporel entre vivre/mourir/se régénérer, et les frontières mouvantes entre le Soi et l’Autre, en combinant les espèces et les objets dans des hallucinations oniriques. La beauté délicate et profonde de cette flore et de cette faune emplit nos yeux et nos poumons de riches couleurs, avec une telle intensité, que tout à la fois, elle nourrit et saisit notre souffle. En créant ce cabinet de curiosité pour notre époque, Jan nous invite à nous engager dans une philosophie sensuelle pour réfléchir le futur de notre monde.
Un oiseau du paradis (Apologue II) vient à notre rencontre. Ses griffes délicates, d’un bleu lapis-lazuli, se posent sur une branche. Lapis-lazuli, pierre cristalline de la mer, du ciel, et des esprits anciens. Cet oiseau nous invite dans un paradis alternatif : non pas celui d’un Dieu lointain, éloigné et abstrait, mais plutôt un paradis qui est là, tout près de nous, avec ses magnifiques matières, textures, résonances et couleurs. Il se manifeste dans un battement d’ailes de feuilles artificielles; dans les méandres d’un serpent qui glisse sur l’écorce; dans un bouquet de tulipes et de pêches, toison d’un fourmilier; et dans le regard orangé de la pieuvre à l’heure du thé.
Emily Jan est une artiste et une écrivaine actuellement basée à Montréal. Née et élevée en Californie, elle a voyagé dans trente-cinq pays et a vécu dans quatre d’entre eux, dont l’Afrique du Sud et le Mexique. En tant que nomade, naturaliste et collectionneuse d’objets et d’expériences, elle est guidée dans son travail par un esprit d’exploration, d’affinités et de curiosité.
Texte co-rédigé par Emily Jan et Marie-Hélène Lemaire, Ph.D., à partir de textes originaux publiés lors de l’exposition The World is Bound by Secret Knots à la ODD Gallery du Klondike Institute of Art & Culture, à Dawson, au Yukon, du 28 juin au 31 juillet 2018.