Moving Still | Still Moving

Du 7 mars au 25 avril 2015
Moving Still | Still Moving : Lois Andison, William Basinski, Patrick Beaulieu, Jeffrey Blondes, Janet Cardiff & Georges Bures Miller, Caroline Cloutier, Nicolas Grenier, Chris McCaw, Andréanne Michon, Faye Mullen, Jonathan Schipper, Kurt Stallaert, Capucine Vandebrouck
Commissaire : Anaïs Castro

Texte d’Anaïs Castro

Moving Still | Still Moving part de la prémisse que rien au monde n’est statique et que tout changement comporte son lot de conséquences. Les œuvres faisant partie de cette exposition invitent les visiteurs à examiner les changements qui prennent place en tout lieu. Le travail vidéo d’Andréanne Michon rappelle l’inquiétant impact de l’intervention humaine sur l’environnement. Caroline Cloutier, quant à elle, cartographie l’emplacement des étoiles des milliers d’années après leur disparition sur des illustrations architecturales qui laissent supposer que ce que l’on voit n’est qu’une version anachronique du présent.

Souvent, notre vision nous dupe à croire que les choses sont immobiles. Plusieurs œuvres subiront une transformation physique au court des six semaines que dure cet événement. Certaines croîtront, alors que d’autres se détérioreront. Mais ce qui les lie les unes aux autres est une considération sensible d’un monde en constante mutation et une compréhension de la nature transitoire des choses.

Du toit de son studio de Brooklyn le 11 septembre 2001, William Basinski a filmé l’ultime heure de lumière sur le paysage fumant de Manhattan. La bande sonore qui accompagne ces tragiques images, une complainte mélancolique, se répète en boucle. Chaque doublon se détraque graduellement jusqu’à ce que la musique se dissolve enfin en un complet silence. Disintegration Loops est une douce descente vers un assombrissement visuel et sonore. Le temps d’une heure, Basinski libère un espace de réflexion pour contempler les ramifications d’une journée qui se termine pourtant comme toutes les autres – par un coucher de soleil – mais dont l’impact continue de résonner bruyamment deux décennies plus tard.

Un écrasement d’avion, dit-on, survient rapidement. Les passagers ont à peine le temps de comprendre leur tragique destinée avant d’être emportés. Jonathan Schipper ralentit les choses. Son Model of Slow Motion Plane Crash prend place sur six semaines, laissant assez de temps pour réfléchir à tout ce qui a pu mal tourner. Certains changements arrivent brusquement, des accidents ou des décès par exemple, mais la plupart des tragédies adviennent plus subtilement. D’un point de vue environnemental, politique et culturel, les choses se développent généralement en silence.

Les treize artistes invités à participer à cette exposition souhaitent enregistrer le passage du temps ; ils sont réceptifs au changement. Leur travail témoigne d’un monde en constant flux et du mouvement incrémental de la permutation. Ni audibles, ni visibles, certains des changements les plus imperceptibles modifient quotidiennement le monde dans lequel nous vivons.