Logo et slogan publicitaire sont également dans sa mire. À l’instar du pop art, Raymond s’approprie et trafique les images de marque. La série iDrink « … « , therefore I am reprend en partie les courbes de la célèbre signature de Coca-Cola sur laquelle est plaqué un i grandement associé aux produits d’Apple avec ses ipod, ipad et iphone. Le titre nous dirige vers une critique de notre consommation courante. D’abord, parce qu’il est une citation empruntée à l’acteur américain W.C Fields (1880-1946) reconnu pour sa consommation excessive d’alcool qui le conduisit à sa perte. Ensuite, parce qu’il nous rappelle ce premier principe de la philosophie établie par René Descartes, «Je pense donc je suis». À l’époque, la pensée avait été un moyen pour le philosophe de prouver son existence. Pour Fields, l’alcool faisait intrinsèquement partie de son personnage. La série souligne donc l’idée que nous nous définissons par nos habitudes, par ce que nous achetons et par les objets que nous utilisons quotidiennement et que cette attitude comprend sa part de risque.
Certaines oeuvres de l’exposition questionnent l’aspect traditionnel de l’oeuvre d’art unique. Si un objet du quotidien peut devenir objet d’art, est-ce qu’un objet d’art peut devenir un objet utilitaire sans compromettre sa symbolique? Une sculpture comme The Cat Empire, qui consiste en un grattoir à chat reprenant l’architecture de l’Empire State Building, conserve son aspect utilitaire. Il ne manque qu’un chat pour aiguiser ses griffes sur le gratte-ciel miniature. Mais pourrait-on laisser un chat égratigner et détruire la structure sans y voir là une critique de l’impérialisme américain? Oserait-on écraser une cigarette dans le Cendrier Ground 0 sans risquer d’interférer avec la symbolique de l’oeuvre? Le jeu réside dans un constant va et vient entre l’oeuvre d’art, sa symbolique et son utilité. La finalité de l’oeuvre est une fois de plus remise en question.