To Build a Home

Du 1er mai au 19 juin 2010

Texte de Catherine Barnabé

Des lignes forment une composition architecturale mais la couleur est abstraction. Des textures lisses s’étendent sur le fond mais les dessins s’y superposent. Les œuvres de Trevor Kiernander se situent dans un entre-deux, entre figuration et abstraction, dessin et ligne, fond et forme, nature et architecture. On se trouve à remettre en question ce que l’on voit. On ne sait plus ce qui prendra le dessus. La peinture tend vers des compositions solides qui sont pourtant mises en échec par les aplats de couleurs et le dessin.

Dans ces œuvres précédentes les portraits humains et animaliers (des animaux de la forêt : des loups, des cerfs) étaient récurrents, mais flottaient toujours dans un espace indéfini. Les personnages étaient présentés souvent seuls au beau milieu d’un fond monochrome. Aucune ligne d’horizon ni de point de fuite, l’espace de la toile était, et est toujours dans ses œuvres récentes, celui d’un flottement pour les personnages, pour le regard. Si la forme humaine a été presque totalement évacuée de ses dernières toiles, c’est l’architecture qui prend place dans cet univers pictural indécis ; des lignes qui proposent une construction mais qui mènent du même coup à sa décomposition. Les figures vivantes ne sont que suggérées par des formes qui les évoquent sommairement. La nature reste présente : des ciels bleus, des forêts vertes, des titres évocateurs.

À la fois paysages, abstractions géométriques et lyriques, les œuvres de Kiernander sont composées de superpositions, de mises en scène picturales. Les fonds monochromes se confondent aux lignes du dessin. Les divers matériaux (huile, acrylique, fusain, ruban à masquer) se confrontent dans cet espace surréaliste. Les compositions sont souvent minimalistes, effet apporté par les fonds uniformes, mais les matières mixtes juxtaposées créent des textures.
Ses œuvres sont construites à partir de cet imaginaire visuel qui casse le rythme de la composition, crée des agencements incongrus. La façon dont les formes sont disposées sur la toile permet un dynamisme et une cohérence malgré la tension apportée par les motifs divergents. Les combinaisons possibles semblent infinies.

Trevor Kiernander est né au Canada mais vit et travaille à Londres. Il y présentait sa première exposition individuelle en sol anglais cet hiver. Détenteur d’un baccalauréat de l’université Concordia et d’une maîtrise de l’université londonienne Goldsmiths, l’artiste peint des toiles grand format où il mêle librement les matériaux. Pour l’exposition To Build a Home, il nous présente ses plus récentes toiles, peintes tout juste avant l’exposition.