Vernissage : Le samedi 2 mai de 15h00 à 17h00
Lori Cozen-Geller: Foundations
Texte de Marie-Hélène Constant
L’exposition Foundations de Lori Cozen-Geller propose de placer les bases d’une réflexion sur les fondements intimes de l’expérience humaine. Ce travail — amorcé précédemment par l’exploration plastique de différentes émotions — prend l’allure d’un travail de somme. Foundations se compose d’une série de solides coupés nettement dans le bois, la mélamine et le métal, et recouverts de peinture automobile au fini glacé ou mat. De ces sculptures sont également découpés d’autres solides, pièces complémentaires aux rebords arrondis ou droits, et disposés aux abords des pièces matrices, créant une tension entre le vide et le plein, entre le positif et le négatif. Cubes, pavés et cylindres aux couleurs et aux textures qui excitent le regard entrent ainsi en relation avec l’espace et le spectateur : les volumes, les formes complémentaires, la disposition des pièces et les ombres qu’elles créent incitent le spectateur à compléter les pièces, à les recomposer.
La pièce Point of View est révélatrice du rapport à l’ensemble : positionnés selon différents angles, les cubes d’acier inoxydable sont à la fois groupe et différentes possibilités du regard. Il demeure du cube, dans Chatterboxes, Sol , la forme de l’objet que l’on a coloré de peinture automobile jaune Maserati et l’idée de multiplicité du point de vue, à laquelle le prénom du père — Sol – ajoute une couche de sens. Résolument du côté du souvenir et de la joie, cette pièce noue l’expérience personnelle et l’expérience du collectif. La tension entre la filiation et l’expérience singulière anime également les morceaux Foundations et Bounce. Quant à Air et Escape, il en va plus de l’expression des énergies individuelles et de leur expression au sein d’une communauté. Si l’on reconnaît de l’artiste américaine le style et le langage, il faut souligner que le désir de fonder une pratique qui se base non plus sur l’investissement de sentiments précis, mais sur la résolution de problèmes plus fondamentaux marque la présente exposition.
Le travail de l’artiste, inspiré de la géométrie et de l’architecture, joue de l’espace de la représentation. L’exposition est mue par un désir de communiquer artistiquement — de façon instinctive et brute — les sentiments à la base de l’existence; il en va de la mort comme de l’expérience de la communauté, de la famille et de la joie. La démarche artistique de Cozen-Geller, qu’elle qualifie volontiers d’instinctif, se voue ainsi à traduire l’affect dans des formes brutes et des objets tangibles.