Magnification

3 mars – 21 avril 2012
Vernissage : le samedi 3 mars de 15h à 17h
Texte de Paule Mackrous

Un mémoire de maîtrise en arts visuels et médiatiques fraîchement déposé (UQAM), Laurent Lamarche propose une exposition à la fois riche en réflexions et en sensorialités. Le façonnage de la matière plastique recyclée et la fine manipulation de la lumière, dans les œuvres de Magnification, révèlent deux grandes agilités de sculpteur.

Les images de forme circulaire de la série C3H6, dont le titre représente une formule brute pour les isomères, évoquent la boîte de pétri et les tissus qu’on y cultive. Agrandie considérablement à la lumière d’un numériseur à balayage (scanner), par le même procédé que la numérisation d’une diapositive, la matière modifiée par la chaleur, la colle chaude ou la résine, dévoile des formes que l’on pourrait qualifier d’organiques ou de cellulaires. Elles rappellent, par l’illusion qu’elles génèrent, les fictions biotechnologiques de Michal Rovner. En écho à la série de tableaux circulaires en plastique Marine de Jérôme Fortin, certaines images font aussi penser à des hublots. Ce sont toutefois des fenêtres qui offrent une vue sous la mer, plutôt qu’à sa surface, et par lesquelles on peut apercevoir un entremêlement de résidus terrestres et d’algues marines.

Dans Diffraction, un laser rouge traverse une petite sculpture de plastique et de résine suspendue au plafond. Celle-ci se meut au gré des brises engendrées par les visiteurs ou des courants d’air générés au hasard des portes qui s’ouvrent et se referment. Le puissant rayon lumineux projette, sur le mur, un amalgame de tracés linéaires qui s’érigent en une forme complexe et en mouvement constant. Rappelant fortement, pour son aspect formel, certaines œuvres produites par ordinateur telles celles d’Elout de Kok, ses combinaisons linéaires sont aussi innombrables qu’aléatoires. Cela offre une expérience hypnotisante pour ce qu’elle révèle, mais aussi pour ce qu’elle dissimule, c’est-à-dire, toutes les potentialités que la sculpture est en mesure d’actualiser par sa rencontre avec un faisceau de lumière.

Posé sur un rétroprojecteur à acétates, un petit insecte de plastique mu par un dispositif intégré laisse voir son image agrandie sur le mur. Dévoilant la mécanique de la magnification, (en anglais : le fait d’agrandir l’apparence de quelque chose sans le modifier réellement), l’artiste positionne le spectateur, tel le scientifique, comme l’observateur minutieux d’un processus en temps réel. Si le terme magnification ne fait pas partie de notre dictionnaire francophone, on le définit ici, un peu par réflexe, comme l’action de magnifier, c’est-à-dire, de célébrer une matière usuelle. Même si les boîtes remplies d’objets de plastique s’entassent dans son atelier d’Hochelaga-Maisonneuve, Laurent Lamarche a besoin de bien peu pour révéler les innombrables subtilités esthétiques donnant vie à cette matière manufacturée.