Vernissage : Le samedi 4 mai de 15h00 à 17h00
Texte de Catherine Barnabé
Avec ce tout nouveau projet, Karine Giboulo continue sa réflexion autour de la mondialisation économique et de l’urbanisation. Depuis les dernières années, et précisément depuis 2008, Giboulo construit des installations qui reproduisent des microcosmes dans lesquels la dynamique d’un système est transposée. S’inspirant de conditions de vie ou de situations dont elle a été témoin, elle aborde ses projets avec une approche documentaire en allant constater sur les lieux l’état des choses et, surtout, en entrant en contact avec les gens. Karine Giboulo construit des installations ambitieuses composées de dizaines de petits éléments, de petits personnages minutieusement confectionnés. En observant une de ses installations, on capte d’un regard la construction d’une organisation sociale puis, en s’y attardant on y découvre les mailles d’une structure complexe. Ses œuvres soulèvent certainement des questions sociales et politiques importantes, et inquiétantes, tout en révélant une approche sensible des sujets.
Avec All you can eat et Village électronique (2008), elle a d’abord exploré la réalité de la population chinoise vivant et travaillant au service de l’Occident. Ici, l’œuvre développe une réflexion que l’artiste a entamée en 2010 : la migration urbaine des populations et les conséquences que cela engendre sur les villes et ses nouveaux habitants. Avec Village démocratie (2010) elle s’était inspirée d’un séjour sur le terrain, à Port-au-Prince cette fois, pour composer un bidonville où les réalités nord-sud sont mises en contraste. Avec son nouveau projet, c’est suite à une résidence à Mumbai où elle a pu constater les conséquences concrètes des migrations urbaines, qu’elle a construit cette ville en suspend. L’installation principale est formée de deux points d’ancrages au sol, d’un côté un champ et de l’autre une mine, qui se rejoignent au centre dans une ville suspendue, où la population migrante vie littéralement en flottement. Dans plusieurs des scènes, on voit les habitants des campagnes obligés, à cause de la mondialisation économique ou afin d’espérer améliorer leur condition, de se déplacer vers les villes et qui se retrouvent bien souvent à vivre dans la rue dans des abris de fortune. Ici, l’installation ne fait référence à aucune ville en particulier, il s’agit plutôt d’un condensé de cinq années de recherche et de réflexion sur le sujet.
Giboulo tente non pas de créer des œuvres qui serviraient une morale maladroite et superficielle mais plutôt, elle se penche sur des questions actuelles et pertinentes en interprétant ce dont elle a été témoin. En se déplaçant pour aller à la rencontre de ses sujets, elle ne peut que développer un regard critique, tenter de saisir la complexité de leur réalité et d’en présenter une interprétation réfléchie.