Vernissage : Le samedi 4 mai 2019 de 15 h à 17 h
Visite guidée : Le vendredi 31 mai 2019, de 18 h à 19 h
Jessica Houston : The Call of Things
Texte de Farah Benosman
C’est autour des thèmes de colonialisme, de géopolitique et de crise environnementale que se tisse l’exposition The Call of Things de l’artiste Jessica Houston. Ayant voyagé d’un pôle à l’autre du globe, l’artiste concentre ses œuvres sur l’examination des objets propres au territoire des régions des pôles Nord et Sud. De façon plus importante encore, elle s’intéresse à la détresse écologique qui précise leur situation contemporaine, sous une forme actuelle de colonialisme.
Une exposition d’objets et de photographies, qui composent ce projet, se définit comme assemblage d’artefacts écolo-politiques. Essentiellement, le visiteur peut s’immerger dans l’écoute des événements qui façonnent les univers polaires, qu’ils s’agissent d’événements environnementaux ou de prises de position, par exemple. Le son de la fonte d’un glacier ou la voix de l’ancien président du Conseil circumpolaire inuit Okalik Eegeesiak, discutant des droits des peuples autochtones du Grand Nord, en sont des exemples.
L’interactivité entre le visiteur et l’œuvre est centrale pour l’artiste puisqu’elle crée une réciprocité entre l’œuvre – l’image et le son – et le visiteur, qui la met en scène à l’aide de son téléphone intelligent personnel. Les objets de The Call of Things sont donc perceptibles dans la mesure où ils sont reliés à des références audio et des paysages sonores les inscrivant dans l’ordre de l’expérience. Cette expérience géopolitique est en fait l’expression de l’historicité de la crise écologique, rappelant la destruction lente et rapide à la fois de nos espaces, de nos environnements. La relation entre les communautés et leurs environnements est ainsi phare au travail de l’artiste, relation dont est témoin le visiteur en découvrant l’histoire des artefacts qu’il a lui-même sélectionnés.
Ce sont les photographies des voyages de l’artiste qui complète l’exposition. Houston y présente ses mémoires des deux pôles distinctement où elle invite les spectateurs à se questionner. Les histoires et caractéristiques des environnements polaires, dans leur rapport matériel à l’humain et son territoire, sont au cœur des réflexions. Que ce soit par la présence ou l’absence d’objets dans ses images, l’artiste engendre un geste performatif par l’image. Par l’utilisation de l’horizon comme référence, elle place un feutre coloré devant l’objectif pour masquer l’image, empêchant ainsi l’appareil photo de tout capturer. Ainsi, elle choisit intentionnellement de bouleverser l’image. Plaçant ses photographies comme un site de résistance, où la lutte pour la revendication des ressources se fait urgente, l’artiste tente de raccorder l’immensité présumée des pôles à l’expérience humaine.