Jason Baerg: A Path or Gap Among the Trees
Dans le cadre de l’événement Pictura Montréal
Texte de Noémie Chevalier
Jason Baerg est un artiste visuel cri métis particulièrement impliqué dans la transmission du savoir autochtone et avec la vocation d’amener sa pratique artistique toujours plus loin, vers une multitude d’explorations techniques. Baerg a étendu ses expérimentations dans le domaine du numérique et l’utilisation des technologies 3D, interactives et immersives. Tout particulièrement, l’un des projets vidéo : Kisik Acimowina / Sky Story, réalisé en collaboration avec l’artiste Carrie Gates et le compositeur musical Michael Red, met en exergue un voyage à travers le temps sur terre, mêlant les lignes et les formes d’un paysage terrestre et aérien en perpétuelle évolution. Artiste transdisciplinaire, Jason Baerg ne voue aucune limite à ses productions, il espère même ouvrir la voie à d’autres artistes métis et autochtone.
Tawâskweyâw ᑕᐋᐧᐢᑫᐧᔮᐤ A Path or Gap Among the Trees est une exposition en tournée qui nous offre une rétrospective des vingt-cinq dernières années de production de l’artiste. Présentée au printemps dernier au Centre culturel Woodland, à Brantford (Ontario), il est stimulant d’accueillir ce projet à Montréal. Spécifiquement composé de dessins et de peintures, l’artiste présente une approche conceptuelle et formelle de l’abstraction liée à des phénomènes propre à la communauté cri. Tout comme l’artiste mohawk de Kahnawà:ke Skawennati, Jason Baerg démontre l’importance de développer des représentations futuristes des peuples autochtones.
L’exposition offre à Baerg une occasion de réflexion sur soi et une introspection pour motiver ses actions, qu’il dépeint remarquablement avec les œuvres Wâsakâm ᐋᐧᓴᑳᒼ Along the Shore (2016) et Pakwachaya ᐸᑲᐧᒐᔭ Wild Creature (2015). D’une part, chaque œuvre est pourvue de deux toiles, soit deux supports. Elles sont ainsi créées pour les appréhender du sol, pour l’une d’elle, prolonger sur le mur, pour l’autre. L’œuvre initialement en deux dimensions prend alors les attributs d’une œuvre sculpturale. De plus, ce concept d’agencement appuie davantage l’engagement et la conscientisation de l’artiste à l’importance du sol. D’autre part, Jason Baerg choisit d’utiliser l’orthographe cri, une considération à cette langue et à ses origines en Saskatchewan (Baerg a grandi à Prince Albert).
Cette relation à la terre et à l’environnement se définit également dans le titre de l’exposition et le fusain sur papier nommé Reclined Nude (1996). Rapport fusionnel entre l’Homme et la nature, ce dessin humanise presque la nature au point de nous interroger sur la signification de la représentation. Est-ce des branches de bois? Est-ce des jambes humaines? Baerg veut nous confondre pour mieux capter notre attention et éveiller ainsi notre esprit à réfléchir et à penser.
Artiste visuel, Jason Baerg est également conservateur et éducateur. Il a notamment contribué à l’élaboration et à la mise en œuvre du programme national des arts métis pour les Jeux olympiques de Vancouver. Il est diplômé de l’université Concordia, où il a obtenu une licence en beaux-arts et une maîtrise en beaux-arts de l’université Rutgers. Il a enseigné à l’Université Rutgers (2014-2016) et a été professeur adjoint à l’Institut des arts amérindiens de Santa Fe, au Nouveau-Mexique (automne 2016). Dédié au développement communautaire, il a fondé et incorporé le Metis Artist Collective et a été président bénévole d’organisations telles que le Aboriginal Curatorial Collective et la National Indigenous Media Arts Coalition.