Indian Act

L’œuvre imposante que constitue Indian Act est composée des chapitres 1 à 5 de la Loi sur les Indiens dans sa version anglaise (l’Indian Act remonte à 1876 et cette loi sera amendée en 1985, entre autres en ce qui a trait au statut de la femme amérindienne mariée à un non-Amérindien). Myre reproduit les cinquante-six pages de ces chapitres sur du tissu et se sert du perlage ou manidoominensikaan, « une forme artistique traditionnellement féminine » pour effacer le texte d’un « document eurocentrique, patriarcal et colonial qui avait été conçu dans un but d’assimilation ». Pour ce faire, elle lance un appel à participer au perlage, auquel répondent plus de 250 personnes : c’est ainsi que des perles blanches remplacent le texte (des Blancs), alors que des perles rouges se substituent au fond. S’étalant de 2000 à 2003, ce travail communautaire constituera à la fois la réactualisation d’une pratique spirituelle, un geste politique d’effacement et de réappropriation, et une entreprise de guérison. Avec ses cinquante-six cadres noirs renfermant maintenant des variations abstraites sur le rouge et le blanc, cette œuvre monumentale réussit à démonter une injustice sociale pour en tirer une proposition conceptuelle artistiquement cohérente où s’opère la fusion entre passé et présent, entre technique ancienne et contenu actuel.