Henri Venne

Né à Joliette (Québec) en 1966.

Certains paysages ont la capacité à laisser des impressions marquantes sur nos sens par leur ampleur physique et émotive. Les endroits et environnements visités génèrent certaines atmosphères qui activent ma mémoire, créant ainsi un besoin de rappel, de souvenir, même de m’approprier l’évènement vécu.

La photographie conventionnelle, en affichant ses détails, est incapable de saisir, de mémoriser la complexité d’une atmosphère provenant d’un endroit. Quoique très abstraite, cette sensation échappe à la photographie descriptive. La photo ne fait que réduire l’évènement en soi, en une tentative visuelle rapide de reconnaissance du lieu en question. Le temps passé sur un lieu d’où provient une quelconque atmosphère, est oublié par le cliché narratif. Mon travail tente de récupérer cet espace-temps, ce moment abstrait, du moins d’en faire une synthèse. Mes surfaces provoquent une nouvelle sensation, directement influencée par celle vécue sur le lieu visité.

Mes oeuvres sont à propos de l’atmosphère qui émane d’un paysage, de son impact sensoriel et l’idée que l’on en conserve, plutôt qu’une simple représentation visuelle. La mémoire s’active et tente de récupérer cette sensation abstraite, ne serais-ce que par le souvenir d’une couleur, d’un éclairage. Un nouvel espace qui essai de traduire une mémoire plus viscérale et nostalgique. Mon travail émerge d’une recherche entreprise sur la mémoire et le souvenir paysager où s’illustre des atmosphères vaporeuses de l’évanescence des souvenirs. Mes oeuvres contiennent donc un reflet fantomatique et émotif d’un instant passé à travers la photographie floue et monochrome. La surface glacée de mes tableaux reflète l’espace réel où se tient le spectateur, créant ainsi une symbiose entre le souvenir d’un instant passé et la réalité du moment présent. La représentation/réflexion du tableau, contrairement à la photo, fera toujours parti du moment présent.

L’ensemble de ma production artistique se veut un regard sur différentes façons d’aborder les codes du paysage (ligne d’horizon, photo panoramique, rapport ciel/terre, etc…) par rapport à notre façon émotive de se remémorer celui-ci. C’est avec un regard critique que je questionne notre utilisation de la photographie (et son effet réducteur) en relation avec le désir de capter cette sensation de contemplation éprouvée devant un quelconque paysage. Il va sans dire que mon travail s’inspire et remet à la fois en question la tradition romantique du paysage, soit en photographie ou en peinture.

Ce parallèle avec la peinture romantique se développe au niveau de l’idéologie avec, entre autre, un but similaire à ce mouvement. La contemplation qui s’installe en présence du paysage (la nature) se transpose en une tentative de récupération de cette atmosphère méditative au sein de l’oeuvre plastique. C’est justement cette motivation de transposer cette sensation éphémère qui nourrit mon travail, mais celui-ci s’attaque d’avantage à la forme qu’au contenu. La nature devient maintenant l’élément déclencheur et cette source d’inspiration se traduit dans un nouvel espace qui s’interroge sur la problématique spatiale de la photographie et la peinture. Le phénomène d’épuration visuel et de réduction minimale tente alors de conserver uniquement l’essence émotive du paysage. L’aspect formel d’abstraction et de semi-représentation dans l’image veut alors transporter le regardant vers une idéologie du sublime à travers le paysage, reflètant l’idée symbolique des grands espaces contemplatifs infinis. Cette vision quasi ‘impressioniste’ cherche à éveiller un instinct intuitif, ouvrant la possibilité au spectateur de contempler le sublime, soit d’un environnement naturel ou d’un champs chromatique.

Cette combinaison de médium me sert à développer et questionner la relation entre un espace physique (paysage) relégué au passé et sa traduction en une oeuvre picturale qui s’approprie les caractéristiques sensorielles du paysage. C’est de cette union que naît mon interrogation sur la façon dont le phénomène temporel du passé/présent peut se présenter visuellement.

Henri Venne est né à Joliette en 1966. Il vit et travaille aujourd’hui à Montréal. Depuis 1994, il expose ses œuvres, une combinaison de photographie et de peinture, dans les galeries et musées du Québec. Ses œuvres font partie de plusieurs collections muséales, de collections d’institutions privées et publiques, d’intégration des arts à l’architecture, ainsi que de collections particulières. Il a obtenu une maîtrise en arts visuels de l’Université Concordia en 1999 et il enseigne les arts visuels au Cégep Vanier depuis 2008. Henri Venne est représenté par la galerie Art mûr à Montréal.

Curriculum Vitae

Episodic

Refaire surface

Somewhere

D'après nature

D’après nature

Définir l’éphémère

Still Life