Sing Into My Mouth

Du 9 novembre au 21 décembre 2024
Vernissage : Le samedi 9 novembre 2024 de 15 h à 17 h
Diana Thorneycroft : Sing Into My Mouth

Texte de Kara Eckler
Traduit de l’anglais par Aude Beauchemin

L’artiste de Winnipeg Diana Thorneycroft présente une nouvelle série de dessins intuitifs, irrévérents et fantaisistes dans sa dernière exposition solo, Sing Into My Mouth. Mieux connue pour ses photographies humoristiques de dioramas qu’elle crée sur des thèmes canadiens populaires, les dessins de Thorneycroft diffèrent considérablement dans leur exécution, mais ils nous présentent ses personnages audacieux et ludiques, son esprit grivois et son esthétique maximaliste.

Nous y trouvons une ménagerie de monstres de cirque et d’artistes, d’imbéciles, de danseurs, de skateurs et d’êtres hybrides interagissant entre eux d’une manière qui touche à la nature des relations humaines et de l’« embodiment ». Des démons, des demi-dieux ou des entités astrales, qui sait? Ces créatures mi-humaines, mi-animales ont émergé du subconscient de Thorneycroft à travers un processus intuitif non planifié, mystérieux même pour elle-même. Ils se connectent les uns aux autres par des tubes, s’agressent et s’explorent mutuellement, pénètrent des orifices tandis que leurs organes génitaux sont exposés nonchalamment et surgissent d’endroits auxquels on ne s’attendrait pas. Dans Spitballing, la technique de brainstorming est illustrée de manière littérale, alors qu’une figure plonge sa main dans le ventre de l’autre, dont la mâchoire protubérante nourrit son partenaire, vraisemblablement, de boules de salive, un échange d’énergie avec des allusions sexuelles ainsi qu’une représentation humoristique de la nature des relations. Nos corps, qui fonctionnent comme des machines complexes, nous sont familiers et, pourtant, si étrangers. Il y a de nombreuses références dans ces dessins aux corps en tant qu’outils, ou aux corps utilisant des outils tels que : une baguette pénis-vagin hermaphrodite, des bras lampe de poche, un pénis aspirateur et diverses prothèses telles que des jambes de bois. Dans Mother and Daughter, un médecin de la peste sans pantalon et avec une queue phallus utilise les tresses d’une personne non visible pour escalader une montagne tandis que sa fille suit derrière.

L’imagerie de Sing Into My Mouth évoque les paysages infernaux de Hieronymus Bosch et les œuvres de surréalistes comme Leonor Fini. Elle s’inspire également du style de l’art brut et de l’art populaire. De petite taille mais très percutants, ces dessins au crayon de couleur apparemment naïfs parlent à l’enfant intérieur et au soi espiègle, tout en étant imprégnés d’une attention habile aux détails, aux angoisses, aux désirs et aux problèmes d’adultes. Ils pourraient être des illustrations des contes de Grimm dans un univers parallèle. Ces personnages sont alternativement en enfer, dans notre monde humain et au purgatoire, peut-être de leur propre cause. Il est à noter que, aussi grotesques soient-ils, aucun de ces personnages n’est entièrement monstrueux ou diabolique; ce sont tous des hybrides humains. Nous avons des personnages de diverses races, de genres variés et d’orientations sexuelles diverses. Ils révèlent des aspects de ce qui nous rend humains, quels traits de caractère trahissent nos natures civilisées, quelles intentions et fixations secrètes se révèlent à travers leurs transformations corporelles. Les personnages sont sexuels et assumés, ils se dévoilent totalement. Ils explorent le corps de l’autre, ils s’immiscent, grimacent, gesticulent, pénètrent, leurs langues de phallus pendent, leurs queues de phallus titillent. Parfois grotesque, cette exposition livre des expériences profondes d’horreur corporelle, d’humour corporel et montre la façon dont nos corps sont à la fois sensuels et ridicules.