David Umemoto : Vernaculaire Extraordinaire
Texte par Janie Dominique Tremblay
Architecte de formation, c’est après une quinzaine d’années dans le domaine que David Umemoto quitte le Canada pour l’Indonésie, où pendant une année, il se met à créer des tuiles à relief et découvre la fonderie artisanale de métal. À son retour au Canada, David s’entiche du béton, matière brute et modeste qui séduit l’artiste par son accessibilité et son coût peu élevé qui donne droit à l’essai-erreur dans le processus de création. Ayant depuis passé une dizaine d’années à façonner des oeuvres sculpturales rappelant Escher, les monuments brutalistes de l’ex-Yougoslavie et l’architecture du Corbusier, Umemoto possède désormais une signature bien reconnaissable et appréciée autant par les amateurs d’art contemporain que d’architecture.
Pour sa deuxième exposition solo à Art Mûr, intitulée Vernaculaire Extraordinaire, David Umemoto a conservé la même façon de travailler, privilégiant une planification lente et méticuleuse des structures de chacune des œuvres mais en changeant cette fois-ci les matériaux employés. En effet, si le béton est robuste et résistant au temps, son travail représente une certaine charge, autant physique que métaphorique. La conception et la conservation de lourdes pièces et le symbolisme associé à ces massives compositions architecturales ont fini à longue par peser sur la psyché de l’artiste.
Dans la proposition actuelle, l’artiste explore la transposition de ses sculptures de béton vers d’autres médiums, notamment des feuilles de papier, mais aussi du métal ou encore de l’acrylique. Umemoto travaille ainsi en continuité avec sa pratique des dernières années en privilégiant l’utilisation d’une seule matière pour chaque œuvre, une façon de se mettre au défi en s’imposant des contraintes créatives. Il s’agit pour lui de construire le maximum avec le minimum de matière possible, un procédé qui fait écho à son exposition de 2020 intitulée Infrastructures, dans laquelle il affirmait vouloir « s’en tenir à une économie de moyens »1 et où « l’esthétique et le formalisme [s’alliaient] à un engagement envers la simplification »2.
Le défi est ici de parvenir à conserver une certaine continuité, une signature visuelle permettant à l’observateur de reconnaître la lignée joignant les œuvres, peu importe de quoi elles sont faites. Que ce soit dans une matière ou dans l’autre, le travail d’Umemoto demeure une proposition poétique, une réponse minimaliste face à la surproduction caractéristique du 21e siècle, qui s’engage à faire converser art et architecture, accessibilité et durabilité, résistance et fragilité.
1. Texte de David Dorais, 2020
2. Texte de David Dorais, 2020