Interconnections

Texte de Dounia Bouzidi

Depuis plus de dix ans, David Umemoto mène une recherche esthétique autour des paysages et architectures miniatures. Il crée des sculptures qui nous plongent dans des scènes aux origines et causes incertaines. Comme dans un décor de théâtre ou un plateau de film, l’artiste suggère une histoire à travers ces architectures miniatures. On se demande si l’installation attend une activation ou si quelque chose s’y est déjà passé.

En utilisant le ciment pour ses œuvres, Umemoto évolue entre la maquette et la sculpture. Travaillant un matériau brut, il réussit à obtenir un rendu aérien par l’exploration de systèmes organiques.

En effet, Umemoto s’inspire des systèmes naturels, comme ceux du corps humain, pour nourrir sa création. À l’aide d’algorithmes, il introduit des éléments biologiques dans ses œuvres : la réplication des cellules, des chaînes d’ADN, ou encore l’irrigation des organes. L’environnement qui nous entoure est aussi une source d’inspiration importante. Par exemple, la croissance des plantes ou les moisissures suivent des trajectoires qui peuvent être systématisées par des algorithmes. Umemoto établit ainsi un lien entre le vivant et ses œuvres : il dessine d’abord, puis modélise en 3D avant de couler le béton. Il joue avec l’erreur et le hasard en utilisant des morceaux de polystyrène pour altérer certaines parties des sculptures. Ainsi, il ne s’agit pas de reproduire scientifiquement des systèmes naturels, mais de les interpréter en volume.

Le cœur du travail d’Umemoto réside indéniablement dans l’étude des volumes sculpturaux et architecturaux. Il réalise une jonction entre ces deux disciplines. Les escaliers, les coupes de volumes, les trous parfois présents dans ses œuvres témoignent de la réflexion de l’artiste sur la manière dont les volumes occupent un espace donné. Les visiteurs peuvent ainsi regarder aussi bien à travers qu’à l’intérieur des œuvres.

L’exposition Interconnections met de l’avant le travail modulable des structures de Umemoto. Les œuvres présentées dans cette exposition sont parfois un assemblage de plusieurs structures qui résonnent entre elles. Par l’étude algorithmique qu’il entreprend, l’artiste compose de nouveaux modules et travaille les échelles dans l’espace de la galerie Art Mûr. Ces modulations ouvrent à des possibilités infinies de transformations de la mise en place des pièces en béton.

L’assemblage et le désassemblage traduisent la réflexion de l’artiste sur le lien entre l’architecture et l’intervention humaine. À l’image d’immeubles, les miniatures de Umemoto sont habitées et révèlent des erreurs, des dégradations et de l’érosion. Les sculptures deviendront-elles des ruines ou des monuments?