Hyperobjects

Du 16 janvier au 27 février 2016
Vernissage : Le samedi 16 janvier de 15h00 à 17h00
Colleen Wolstenholme: Hyperobjects

Texte de Cléa Calderoni

« Je m’inspire de systèmes agissant ensemble dans notre expérience humaine, pour créer de plus grands systèmes » . Colleen Wolstenholme traite de sujets ayant une relation de cause à effet qu’elle appelle « systèmes groupés ». Les plus grands de ceux-ci, par exemple celui du réchauffement climatique, opèrent selon leurs paramètres internes.

Les œuvres de la série Shifty Packets exposées en 2013, des systèmes dessinés à l’encre de couleur, exploraient le thème de la conscience humaine. Wolstenholme tentait une analyse syntaxique de cet élément métaphysique en lui donnant l’apparence d’un réseau de cellules : « je faisais ces dessins utilisant des grilles improvisées et peu structurées » . À travers Hyperobjets, elle extrapole ce même principe de grilles improvisées, basées sur la géométrie triangulaire et hexagonale.

« [Les Hyperobjets] désignent des choses ou des phénomènes, par exemple, le réchauffement climatique, qui révèlent notre impuissance et dépassent nos catégories habituelles » .
Il s’agit donc d’objets représentant des systèmes qui ne peuvent pas être dominés par l’humain, mais au sein desquels il évolue.

Reprenons l’exemple du mouvement météorologique, ici questionné par l’artiste. La météo est liée aux champs électromagnétiques de la terre, un système à échelle planétaire qui n’est pas encore entièrement expliqué par la science, et sur lequel nous avons peu de contrôle. Nos actions peuvent néanmoins avoir des conséquences imprévisibles sur ce système, et nous pourrions ensuite en subir des répercussions.

Ainsi, en récupérant l’idée de réseaux bidimensionnels mis en place dans la série Shifty Packets, Colleen Wolstenholme réalise des sculptures à travers lesquelles elle tente d’aborder le système immense qu’est le réchauffement climatique. En le présentant à l’échelle humaine, elle le rend plus préhensile au spectateur.

Dans Hyperobjects, comme dans Shifty Packets, chaque forme géométrique du réseau donne la sensation de découler de la précédente, et toutes se répartissent autour d’un point départ qui constitue le centre de la structure. Cette fois, par contre, le sujet d’étude s’étend tridimensionnellement pour inclure l’espace terrestre. Le but de l’artiste, à travers ces sculptures, est de révéler cet immense système comme entité. Quant au dessin 55.68’S, 171.40’W; 225’@29km/h; 5.9’C; 05/06/15, il est inspiré d’une carte animée des vents terrestres. Les lignes principales proviennent de la carte du 5 juin 2015, que l’artiste a complété de façon improvisée jusqu’à ce que la feuille soit entièrement remplie.

Autant dans les sculptures que dans les œuvres sur papier, les réseaux de lignes et de formes au sein des représentations systémiques semblent s’animer sous nos yeux. À travers ces illusions d’optique, Colleen Wolstenholme nous permet saisir une réalité impalpable.

1. Entrevue avec Colleen Wolstenholme, 18 novembre 2015, traduction libre.
2. Ibid.
3. Antoine Rogé, « Les hypersobjets », dans Philosophie, n° 78, avril 2014, p. 62.