Grid Roads and a Dead Man’s Hand

Du 6 mai au 17 juin 2017
Vernissage : Le samedi 6 mai de 15 h à 17 h
Clint Neufeld
Art Mûr, Montreal (QC)

Texte de Bruno Andrus

Pour sa première exposition solo à la galerie Art Mûr, le sculpteur Clint Neufeld propose un ensemble de huit œuvres créées entre 2011 et 2016. Sept objets et une vidéo qui ont comme dénominateur commun la céramique, les moteurs et la domesticité.

Pour fabriquer ses sculptures en céramique, Neufeld procède d’abord par moulage direct de différentes composantes de moteurs choisis. Il transpose ensuite ces dernières en céramique en pratiquant par coulage. Après avoir appliqué les glaçures, il effectue la cuisson des composantes. Ces dernières sont finalement assemblées pour reconstituer, grandeur nature, le moteur d’origine transposé dans un matériau souvent perçu comme fragile et précieux. Ainsi les lourds moteurs métalliques originels deviennent des objets creux, des coquilles, où la masse de l’objet est réduite à une paroi. Il est d’ailleurs intéressant de noter que c’est cette technique artisanale du coulage au moule qui a été naguère adaptée à l’industrie pour la fabrication en masse des bibelots en céramique. Dans l’exposition, certains des moteurs de Neufeld reposent sur des fauteuils et des canapés. Ces derniers sont réalisés par réassemblage de différents meubles. Neufeld a observé au fil des expositions que la réception de ses oeuvres variait en fonction des milieux sociaux. Dans les milieux urbains et académiques, son œuvre tend à être d’abord comprise en termes de signes, de métaphores et de références. Il a remarqué en revanche que dans les petites communautés excentrées, certaines personnes reconnaissent les différents modèles et connaissent les moteurs par leurs noms. Ces derniers invoquent alors des souvenirs personnels. Dans certains contextes, au-delà des références à l’art décoratif, c’est le moteur lui-même qui est lié à l’intimité de la sphère domestique.

Dans les dernières années, Clint Neufeld a ainsi privilégié la céramique comme médium. Toutefois, ce dernier ne se considère pas comme un céramiste car il n’accorde pas une valeur particulière à ce matériau. Dans sa démarche, le matériau quel qu’il soit – est utile dans la mesure où il sert ses intentions et son propos. A travers la céramique, l’artiste cherche d’abord à explorer les contrastes de textures, les oppositions visuelles, les dichotomies perceptuelles. D’où l’utilisation dans certaines œuvres de glaçures pastel invoquant des vases art déco, ou encore des carreaux et tuiles typiques de l’environnement domestique des années 1950 et 1960. La céramique est donc centrale mais conjoncturelle dans l’œuvre de Neufeld. A ce titre, l’œuvre la plus récente présentée dans l’exposition marque possiblement un tournant dans sa production artistique. Par la présence de la vidéo, l’objet en céramique disparaît physiquement de l’environnement de la galerie au profit de la mise en scène de sa destruction: “Il y a longtemps que je voulais faire ça. J’avais envie de le faire, et je l’ai fait. C’était une expérience cathartique.” Ce qui résulte de cette expérience: pour nous, une vidéo fascinante; pour l’artiste, des milliers d’éclats de céramique brisés: “Je ne sais pas encore tout à fait ce que je vais en faire. Pour l’instant, j’essaie toutes sortes de choses.” A suivre…