Selection de l’artiste

Du 5 novembre au 17 décembre 2016
Vernissage : Le samedi 5 novembre de 15 h à 17 h
Claude Tousignant : Selection de l’artiste
Art Mûr, Montréal (QC)

Paroles de Tousignant : Un tête-à-tête décontracté entre l’artiste Claude Tousignant et l’auteure Isa Tousignant.

L’expo est intitulée « Sélection de l’artiste. » Quel a été ton procédé de sélection?

J’ai pensé à des pièces qui n’ont pas été montrées beaucoup, peut-être une fois ou deux seulement. Certaines œuvres ressortent :
Tableau noir pour enfant snob, par exemple, je trouve que c’est un tableau très spécial. Grand vert-noir, que j’ai retravaillé plus récemment—je ne fais presque jamais ça—n’a jamais été montré parce qu’il est tellement grand. Même chose pour le Monochrome bleu, qui a été montré au Musée des beaux-arts de Montréal en 1982, mais jamais depuis. La plupart des autres œuvres exposées sont des doubles, qui profitent aussi de beaucoup d’espace.

Il y a une espèce de rumeur qui circule que c’est ta dernière exposition…

Ah bon! J’ai juste dit que peut-être que c’est la dernière exposition que je vais faire de mon vivant. J’ai quand même 83 ans. Mais non, c’était un peu une blague. Une blague triste. J’ai une exposition à Toronto chez Christopher Cutts en avril 2017… mais à part ça, je ne fais plus grand chose.

Ce n’est pas vrai. Je pense que t’as une éthique de travail de fou et que t’en attends toujours autant de toi-même malgré ton âge.

Non, c’est parce qu’autrefois, pendant les Accélérateurs chromatiques, par exemple, je travaillais presque 10 heures par jour.

Oui, mais il y a plein d’artistes qui font des œuvres très complexes, mais qui ne travaillent quand même pas 10 heures par jour dessus. Ça fait juste leur prendre deux ans à faire. Toi, t’as toujours été à l’année longue, jour après jour, à l’atelier de 10 à 6. Super productif, mais toujours aussi en train de te remuer les méninges pour le prochain projet.

Oui, j’ai produit beaucoup. Maintenant, je travaille juste l’après-midi. Mais en tout cas, mon passé est derrière moi.

Quel drama queen… quand tu penses à ta carrière, est-ce qu’il y a des périodes qui ressortent comme tes favorites?

Ça a affaire avec la période de production, souvent. La période Chambly, c’était très plaisant parce que j’étais à la campagne et que j’avais beaucoup d’enthousiasme à propos des tableaux. C’était le fun parce que je venais de faire une série de sculptures, et c’était des tableaux très libres—c’était du travail immédiat.

Est-ce que le plaisir est aussi lié à la réception que les œuvres reçoivent?

Oui, c’est sûr. Même s’il y a des artistes qui disent que non, ça a toujours rapport. C’est comme une femme qui se maquille; si les gens la trouvent belle, ça va former son style. Mais si elle porte beaucoup de crayon noir et que les gens n’aiment pas ça, elle n’en mettra plus. C’est une drôle de comparaison, mais tu comprends ce que je veux dire.

Oui, c’est comme une conversation esthétique. Tu fais ton propos, puis le monde réagit. Mais t’as été chanceux, dans un sens—en ayant pris la décision très tôt de ne pas faire affaire avec des agents exclusifs, t’as pu éviter l’influence de l’argent sur la direction de ton travail. Je crois que les artistes peuvent souvent se sentir piégés par ce qui se vend bien.

Absolument. J’ai toujours fait ce que j’avais envie de faire. Mais j’ai été chanceux pour où je me situais dans le développement de la peinture à Montréal. Je sais que j’ai du talent, mais ce n’est pas tout.