Notes cosmiques

Texte par Bruno Andrus

Depuis Places en 2017, chacune des expositions solos de Christine Nobel à la Galerie Art Mûr a présenté les résultats successifs d’une démarche artistique en progression constante.

Le processus de recherche fondamental de l’artiste repose sur l’exploration des espaces de convergences techniques et symboliques entre l’artisanal et l’électronique, le réel et le virtuel. Dans Notes cosmiques, son exploration du mouvement par le biais de la relativité des couleurs met en lumière son aptitude à créer des environnements immersifs, dans lesquels cette médiation mène à la méditation.

Selon Nobel : « Cette exposition traite de l’utilisation de la couleur, du langage lumineux, du rythme et des notes pour créer des lignées de motifs cosmiques. Mon travail étudie l’échelle, le ton et la valeur des couleurs comme des notes qui voyagent parallèlement au mouvement, à la ligne et au plan, tout en abordant les relations tonales et les rythmes dans leurs présentations spatiales. »

Le corpus d’œuvres récentes présentées dans l’exposition est le résultat de plus de deux années d’observations, d’expérimentation et de recherches menées par l’artiste sur la science des couleurs, notamment le principe du contraste simultané. Au cours de ses investigations, Nobel découvre des résonances particulières à sa propre trajectoire dans la théorie des couleurs développée par l’artiste et enseignant au Bauhaus, Paul Klee (1879 – 1940), notamment en ce qui concerne l’utilisation harmonieuse des contrastes, des rythmes et des équilibres pour créer des compositions dynamiques.

Dans ses Carnets, Klee décrit ses réflexions sur les effets des couleurs, qu’il conçoit comme un « système de couleurs conçu comme un tout organique en mouvement ». Il y compare également les couleurs aux sons, évoquant des compositions picturales similaires à des « polyphonies visuelles », faisant écho à une sensibilité musicale déjà présente dans les œuvres de Nobel.

Dans ses nouvelles peintures, les compositions par trames, grilles et réseaux, créés par l’accumulation de traces graphiques sur la surface plane du tableau, éclatent pour former des paysages stellaires dynamiques et scintillants. Le rendu plus flou provoque un sentiment de désorientation paradoxalement apaisant. En créant ces œuvres, Nobel cherche à générer, par des vibrations visuelles, des fréquences musicales qui puissent résonner chez le regardeur, comme l’équilibre et l’harmonie, afin de favoriser un état méditatif. Ce faisant, elle l’invite non seulement à la contemplation, mais à plonger dans l’œuvre pour faire l’expérience de nouveaux horizons perceptuels.

C’est ainsi que, par un effet de réalité augmentée, les cartographies célestes de Christine Nobel génèrent des environnements immersifs synesthésiques, prolongeant son exploration de nouveaux territoires hybrides entre le pictural et le numérique.