Vernissage : Samedi 5 novembre 2022 de 15 h à 17 h.
Christine Nobel : dabs & systems
Texte de Bruno Andrus
Pour l’occasion de sa troisième exposition solo à la galerie Art Mûr, Christine Nobel présente des œuvres captivantes qui s’inscrivent dans la trajectoire de sa démarche artistique originale fondée sur l’exploration des espaces de convergences temporels, visuels, matériels, techniques, technologiques et symboliques entre le pictural et le numérique.
Ainsi, depuis Places, sa première exposition solo à la galerie en 2017, Nobel a poursuivi et approfondi ses recherches portant sur la représentativité de la notion de temps et l’importance de la connectivité au sein de réseaux dans l’espace pictural. Par le biais d’une gestuelle qui se caractérise par la répétition des coups de pinceaux, le temps de la touche de peinture se matérialise dans ses œuvres sous forme d’une succession progressive de traces graphiques.
Les œuvres les plus récentes de son corpus marquent toutefois un tournant dans son processus de création et, conséquemment, dans l’esthétique qui en résulte. L’artiste explique que : « Le numérique est exploré à la fois comme outil et comme sujet. Des traits de peinture et de crayons surimposés sur des motifs numériques, créent un trompe-l’œil … une copie faite à la main à partir de traits imprimés afin de créer une composition complexe à plusieurs couches dans laquelle le dessin et la reproduction numérique sont entrelacés. »
Bien qu’il implique l’utilisation de technologies numériques, par la manipulation digitale, dans le sens du maniement par les doigts et par les mains du crayon, du pinceau, du clavier d’ordinateur et des touches de l’imprimante, l’ensemble de ce processus de production demeure néanmoins entièrement manuel – voir digital. En confondant différents modes technologiques de production artistique, Nobel entremêle aussi différents modes temporels : la lenteur associée au travail traditionnel de la peinture et la rapidité d’exécution associée aux technologies numériques.
De cette approche singulière, accentuant la tension déjà présente entre le visible et l’invisible, résultent des œuvres abstraites qui agissent sur l’esprit à la manière des grandes peintures de paysage en offrant une expérience sensible immersive qui stimule l’imaginaire. L’observateur devient ainsi un voyageur d’univers représentationnels qui offrent des perspectives qui tendent certes vers le macroscopique, mais aussi vers le microscopique. Aux motifs sous-jacents, se superpose donc une nouvelle composition qui se structure, de manière plus éclatée, sous forme de réseaux formés par l’interrelation dynamique entre les repères visuels et les textures crées par les différents agglomérats, grappes et constellations de matière colorée répartis dans l’espace pictural. Alors que le regard se déplace dans l’image, ces réseaux se modifient constamment, offrant la possibilité d’une infinité de niveaux de lecture et d’expériences possibles, et ainsi matière à réflexion pour le public de ces œuvres exceptionnelles.