Révélations

Du 12 janvier au 27 février 2010
Patrick Beaulieu: Révélations

Texte de Véronique Leblanc

Réalisées à partir de matières prélevées à même le paysage, les œuvres de Patrick Beaulieu entretiennent un rapport métonymique au territoire. Par l’utilisation de fragments de la nature, ses œuvres expriment le tout au moyen du détail; le voyage et la traversée des frontières sont contenus dans une plume d’oiseau migrateur, le destin d’un papillon monarque dans une aile ou celui d’un arbuste dans le déploiement d’une branche. Ces vestiges dont l’artiste parvient à extraire la poésie, sont mis à l’épreuve d’infatigables mouvements, de sorte qu’ils s’altèrent, voire remettent en question ce qu’ils nous donnent à voir. Préalablement cueillis par l’artiste, ces éléments sont tantôt soumis à une force giratoire qui contribue à effacer leur forme, tantôt harcelés par des jeux d’éclairages qui laissent apparaître auprès d’eux des ombres fuyantes. Les investigations paysagères de l’artiste s’attardent autant à la fragilité des éléments de la nature qu’au caractère approximatif de notre perception du réel.

Rejouant les rapports entre le son ou la lumière, le mouvement et l’image, l’artiste explore le potentiel de l’onde et du faisceau à activer la matière, en même temps que la capacité d’un objet en mouvement à générer un pattern visuel ou sonore. Sous l’emprise d’un perpetuum mobile, les installations de Patrick Beaulieu procèdent souvent d’une circularité ou d’un balancement. Du mouvement énigmatique des électrons à la révolution des astres, l’idée d’un perpetuum mobile fait écho à celle d’infini tout comme elle évoque le mystère entourant certains phénomènes naturels. C’est bien ce mystère que l’artiste éveille dans la création de ce qu’il nomme lui-même un « vertige contemplatif ».

Mettant en scène des formes qui tourbillonnent, ondulent, ondoient, virevoltent, percutent, s’envolent et tremblent, ses œuvres produisent des images et des atmosphères énigmatiques à partir de différentes intensités et fréquences. Ici, la matière qu’on éprouve trouve la force de sa présence dans le fait de se dérober à la perception humaine et de résister à la mesure des outils technologiques. Entre matérialité et dématérialisation, apparition et disparition et par la superposition de ces phénomènes contradictoires, ses œuvres gagnent en densité ce qu’elles perdent par l’effritement même de la matière. Elles sèment le doute sur la nature des choses et fragilisent l’évidence des contours. Interrogeant les moyens dont nous disposons pour aborder la nature, les Révélations de Patrick Beaulieu suscitent notre fascination et s’offrent au regard comme autant d’expériences poétiques de l’insaisissable.