Vernissage : Le jeudi 10 septembre de 17h00 à 19h00
Laurent Lamarche : HORS-LAB
Texte de Catherine Barnabé
Les œuvres de Laurent Lamarche sont chaque fois comme de nouvelles expériences du réel : la frontière entre le vrai et le faux, puis celle entre l’esthétique artistique et scientifique, est difficilement cernable. Depuis plusieurs années, il explore ces zones où, plus qu’une simple tension entre les phénomènes naturels et illusoires, il existe un monde immense de possibilités et d’interprétations. Par contre, il ne se laisse pas avoir au jeu du mimétisme : il transfigure les matériaux pour les faire voir autrement plus qu’il ne les utilise pour leurs propriétés esthétiques. Il ne s’agit pas ici de représentation.
Lamarche se joue des perceptions : notre regard tangue de l’infiniment petit au grandiose. On ne sait plus ce que l’on regarde : la photographie d’une plaque de givre ? La lentille d’un microscope magnifiée ? Il s’agit plutôt d’une plaque de plexiglas gravée telle du verre qui explore toute la surprenante profondeur et matérialité du médium.
La lumière, les effets de sa transparence et de ses modulations, sont utilisés afin de reproduire artificiellement certains attributs de la nature. À celle-ci se marient des matériaux banals et des dispositifs plus complexes qui lui permettent de questionner notre rapport à la technologie.
Oscillant entre le low-tech et le high-tech, il construit un univers immersif (avec des lasers, des matériaux pauvres – le plastique, la résine, l’acrylique et le verre – et des lumières) qui amène le visiteur à expérimenter des sensations physiques et optiques. Les lignes dansantes que crées ces dispositifs rappellent à la fois l’organique : soudain on se trouve dans un monde sous-marin, et la technologie : les lasers et lumières bleues nous rappellent des composantes électroniques.
Il met lui-même son travail en lien avec celui des scientifiques : alors que ceux-ci observent les données du réel, lui joue avec ces effets afin d’en explorer les possibles. Ses œuvres nous font vivre une expérience phénoménologique au sens premier du terme, car « d’une façon générale, la phénoménologie s’occupe de déterminer ce qui dans chaque espèce d’apparence est réel et vrai ; à cette fin, elle fait ressortir les causes et les circonstances particulières qui produisent et modifient une apparence, afin que l’on puisse à partir de l’apparence inférer le réel et le vrai. » En regardant une œuvre de Lamarche, nos sens expérimentent des sensations et se confrontent aux phénomènes, tant naturels que construits qu’ils mettent en doute.