À l’origine de sa réflexion se trouve la question suivante : entre réalité et fiction, comment concevoir un dispositif de monstration de l’indicible ? Pour y répondre, il interroge explicitement la relation entre l’artiste et le scientifique par rapport à leur conception de la transformation de la matière. Si le scientifique observe les données du réel, donc du dicible et du visible, Laurent Lamarche explore ces données pour les modifier de manière à élaborer un nouveau paradigme scientifico-artistique. Dès lors, il s’inscrit dans le domaine du possible, c’est-à-dire de l’imaginaire et de la fiction. Les œuvres de Laurent Lamarche ont été présentées dans des expositions collectives et individuelles au Québec et à l’étranger (États-Unis, Espagne, Danemark, Chine, Italie) ; elles font partie de nombreuses collections privées et publiques (notamment celles du Musée national des beaux-arts du Québec, de Loto-Québec, de Tourisme Montréal, du Cirque du Soleil et de l’université Berkeley de Californie).
L’installation Diffraction est née d’une fascination pour la lumière et son pouvoir de magnification des matériaux transparents, précisément le plastique. Laurent Lamarche réinvestit la matière plastique pour explorer pleinement son potentiel de devenir : alors que dans la nature les déchets plastiques altèrent l’environnement de nombreux organismes vivants, dans son travail, ils évoquent une nouvelle conception de la matière, en vertu d’un potentiel de transformation qui nous échappe. C’est que Laurent Lamarche ne considère pas le plastique uniquement comme un objet recyclable, mais aussi comme une « matière miraculeuse », parce qu’imprégnée d’une étonnante capacité de changer d’état et de forme.
Dans l’installation Diffraction, le plastique nous montre son potentiel miraculeux en stimulant un phénomène physique de diffraction de la lumière. Le principe au cœur du projet est un dispositif de projection lumineuse dans lequel une sculpture/lentille en plastique recyclé, suspendue au plafond, est traversée par douze lasers rouges, projetant dans l’espace des formes animées. Cette projection plonge le spectateur dans une immersion activée par le phénomène d’amplification lumineuse. Les lasers traversent la sculpture/lentille et dispersent une radiation photogène qui agit comme antithèse de l’ombre. La sculpture se voit donc magnifiée tout autour d’elle comme si elle se déployait dans l’espace pour mieux révéler son potentiel de transformation. Cette expansion visuelle produit une sensation étrange puisque nous vivons une expérience immersive tout en étant témoin de sa mécanique. Bien que le dispositif générant la projection lumineuse soit dévoilé, la magie du visuel et de l’immersion opère toujours.
En plus de produire ce jeu expérientiel, l’installation nous invite à la contemplation d’un phénomène sur lequel nous n’avons aucune emprise : l’aléatoire. Fait paradoxal, tout (ou presque !) est contrôlé par l’aléatoire : de la création de la sculpture/lentille (déformation du plastique par la chaleur), en passant par le lieu d’impact du laser sur celle-ci (mouvement animé par la circulation d’air) à la forme des images. Grâce à l’aléatoire, Laurent Lamarche laisse parler la matière. Cette dernière s’anime au passage de l’air qui lui souffle une forme de vitalité. Sous nos yeux se dévoile un devenir, quel qu’il soit !