Vernissage : Le samedi 9 septembre 2023 de 15 h à 17 h
Karine Payette : Adaptation
Cette exposition fait partie de la programmation satelite de Momenta
Texte de Vincent Arseneau
L’exposition Adaptation prolonge la réflexion de Karine Payette amorcée il y aura bientôt 15 ans, portant sur notre rapport au vivant. Si l’anthropocène [1] constitue le théâtre de sa démarche, la conjonction de la lumière et de l’ombre rentre l’humain et l’animal représente le thème principal de cette exposition. Une façon ironique et même ludique, sans superficialité, d’approcher un problème important.
Le territoire fait aussi partie de la réflexion de Karine Payette. L’espace de la galerie se substitue à l’environnement où se déroulent nos relations avec la vie animale. Notre désir d’adapter et de contrôler le comportement de nos animaux domestiques va jusqu’à l’atrophie de certaines parties de leur corps. Une vidéo présentée dans l’exposition illustre la taille des ailes d’un perroquet afin de contrôler son vol, une perte de liberté.
Dans une scénographie étonnante mais esthétiquement séduisante, les œuvres amènent notre regard à découvrir cette relation tendue entre le monde animal et l’humain. Neuf bras verticaux sur lesquels reposent des papillons, des coléoptères ou des phasmes illustrent l’effort troublant de l’insecte qui tente de s’adapter à cet asservissement à l’humain. Une osmose fascinante! Les couleurs coulent sur les mains et les bras et, telles un caméléon, reproduisent fidèlement les nuances de l’enveloppe corporelle de l’animal.
L’artiste apporte un soin méticuleux à la conception de ses œuvres. Les couleurs vives des insectes et animaux contrastent avec la carnation des membres humains.
Karine Payette développe une posture éthique et politique dans la mise en exposition des rapports contradictoires entre l’amour de l’animal et notre besoin incessant de le contrôler et de le soumettre. Ce contre-sens nous amène à lui retirer une part de son animalité, voire sa vie, et c’est ce que l’on observe dans certaines scènes de l’exposition. Le récit, sans être moralisant, soulève des questions hautement éthiques et morales sur notre rapport contradictoire à la vie sur la Terre. La Beauté et la Mort se conjuguent au temps présent.
Enfin, à cette démarche, Payette recrée le tracé de l’agrile du frêne sur des chaises en bois, marquant ainsi les traces que peut laisser la vie animale sur nos propres productions. Une rencontre fortuite entre nature et culture.
Pour cette nouvelle exposition, l’artiste utilise différents matériaux et stratégies de mise en scène afin de mettre en lumière le rapport ambigu entre l’humain et le monde animal. L’exposition de Payette souligne le contrôle insidieux que nous exerçons sur les autres espèces. Son travail se situe dans une longue réflexion entamée il y a plusieurs années.
[1] Se dit d’une période géologique de la planète dominée par l’espèce humaine qui se caractérise par les retombées de son activité sur l’environnement. Les principales menaces sont les changements climatiques et la diminution de la diversité animale sur la planète, « la sixième extinction ».