En effet, King nous invite ici à visiter les mangroves. Loin des environnements simulant des paysages romantiques de ses œuvres précédentes, ces photographies rappellent cet écosystème équatorial qui, à cause du balancement des marées, est peuplé de palétuviers, végétaux « sur échasses », dont les racines ne sont pas entièrement sous terre, ajoutant ainsi une plus-value d’exotisme à l’expérience du paysage par le spectateur. Cette dernière, par ailleurs, se fait au travers de prises de vue véritables. L’artiste délaisse donc la fabrication de paysages.
Cependant, le panorama en résultant n’est pas une retranscription objective du milieu en question. Photographiés en noir et blanc et colorés ici et là, ces lieux habituellement verdoyants diffèrent des images de magazines à caractère touristiques ou écologiques. Plutôt que sur la végétation, c’est sur la linéarité des formes que l’accent est posé, créant des paysages chargés qui gardent le spectateur prisonnier de l’image, enchevêtré dans les murs de branches et racines qui la composent sans laisser d’ouverture pour s’échapper. Ainsi, en continuité avec la démarche de l’artiste, la représentation crée un espace psychologique – entanglement signifie à la fois un entremêlement et un état de confusion –que nous pouvons décoder grâce à notre propre bagage de références. Ainsi, à l’instar de l’analyse qu’Edgar Morin fait du cinéma , le sens des œuvres de King est créé par une pénétration de l’imagination de l’homme dans le monde réel, participation aussi nécessaire que les propres choix du créateur. Libre à vous maintenant de vous situer dans cette « réalité semi-imaginaire ».