Orgueil et préjugés

Du 5 novembre au 17 décembre 2022
Vernissage : Samedi 5 novembre 2022 de 15 h à 17 h.
Eddy Firmin : Orgueil et préjugés

Texte de Dounia Bouzidi

Comment composer avec une multiplicité d’identités culturelles ? Eddy Firmin, s’interroge dans cette exposition sur son sentiment d’appartenance aux sociétés québécoise, antillaise et française.

En s’intéressant à l’héritage transgénérationnel de la violence et à la remise en cause de l’imaginaire artistique marqué par l’histoire coloniale, Eddy Firmin s’interroge quant aux préjugés et à l’orgueil qu’il transmet à son enfant. Sans hypocrisies, l’artiste nous confronte aux sentiments et aux ressentiments auxquels les personnes héritières des violences systémiques font face. Comment peut-on se sentir chez soi dans une société qui violente les siens ? Le pays natal est-il exempt de ces problématiques ?

L’artiste nous propose de l’accompagner dans son cheminement lors de cette exposition. En intégrant dans son travail les pratiques ancestrales artistiques de lutte des personnes opprimées, Eddy Firmin nous met sur la voie de la compréhension des enjeux contemporains. Celles-ci permettent d’entretenir un message politique clair qui s’articule avec une forme de bienveillance envers les spectateurs.

Ce mélange entre engagement et douceur nous guide dans la réception des œuvres d’Eddy Firmin et permet d’engager un réel questionnement sur notre place en tant qu’individu dans la société coloniale québécoise.
Cette ambivalence est longuement traitée par l’artiste qui, dans cette exposition, souhaite s’adresser à la jeune génération. Que lègue-t-on de nos combats à nos enfants ? Quelles transmissions de nos rancœurs et ressentis faisons-nous ?

L’installation Punching bags met en exergue les questionnements qui traversent l’exposition puisqu’elle montre, sans subversion, les visages victimes de la violence systémique. Si ces visages portent des histoires individuelles et collectives douloureuses, que l’artiste n’entend pas taire, les punching bags les plus violentés sont consciemment détournés des spectateurs pour leur offrir une vue sur leurs dos fleuris. Ce positionnement malicieux nous invite à nous questionner sur les notions de réparation et de pardon. Cette œuvre phare de l’exposition, dresse le portrait d’un héritage lourd pour les communautés noires. Son propos s’étend à toutes les communautés qui subissent la marginalité et propose une solution par l’empathie et l’amour.

Eddy Firmin fait donc le constat d’une identité éclatée par l’héritage de la violence. Pour autant, la démarche décoloniale adoptée par l’artiste réussit à créer un lien avec ses spectateurs qui dépasse la souffrance et semble trouver une issue dans la réconciliation et l’apprentissage. Il s’agit de faire comprendre que le pardon et les actes de réparations sont nécessaires. Il s’agit de panser les blessures sans les cacher pour faire société et protéger les jeunes générations.

Motivé par l’amour, l’artiste nous confronte avec justesse à nos préjugés et notre orgueil.