Vernissage : Le jeudi 12 septembre de 17h00 à 20h00
Le changement de paradigme qu’ont amené les nouvelles technologies ne s’arrête pas seulement à la rapidité du partage d’information. Elles ont en effet créé un nouveau langage et établi de nouvelles personnalités. Le travail de l’artiste Colleen Wolstenholme a toujours su évoquer ces nouvelles personnalités; rappelons-nous notamment de ses sculptures de calmants et antidépresseurs (Pills, 1998) dont elle amplifie excessivement la forme. Ces médicaments qu’elle considère comme technologies étaient conçus en guise de commentaire sur la façon dont ils forment ou moulent leur utilisateur. Avec sa nouvelle exposition Shifty Packets (2013), Wolstenholme tente de pousser plus profondément sa recherche sur les structures du cerveau où ces affects se constituent.
D’emblée, une question se pose : que signifie Shifty Packets? En fait, cette exposition est aussi un échantillon d’expériences faisant partie d’une recherche que l’artiste entreprend sur le cerveau. L’art présenté par Wolstenholme provient de cette idée que les signaux transmetteurs des neurones sont en quelque sorte des interrupteurs; elle fait donc une analogie entre les procédés électriques neurochimiques du cerveau et le fonctionnement des interrupteurs utilisés dans les technologies digitales et les ordinateurs .
Les dernières créations de l’artiste s’inscrivent dans le développement de cette recherche; nous en avons conscience en regardant ses récents dessins à l’esthétique cellulaire. Wolstenholme utilise la géométrie pour configurer des milliers de cellules qui prennent la forme d’un terrain . Ces dessins font référence à une découverte démontrant que le cerveau organise l’information reçue en reconnaissant et en créant des motifs. Le mouvement apposé à ces motifs nous transporte dans une sorte de plan cartésien informatique qui nous permet de lire, d’analyser ce qui se passe dans le cerveau, sous différentes dimensions. Ces œuvres d’art permettent de cartographier la géographie du cerveau.
Conjointement au rendu dessin de cette recherche, certaines œuvres présentées à la galerie suivent la même esthétique installative observée auparavant dans Pills. En effet, pour créer ses larges installations, Wolstenholme puise dans le génie électronique pour continuer cette analogie entre les interrupteurs du cerveau et ceux des ordinateurs. Novice dans ce domaine, cette expérimentation s’avère intéressante; nous constatons une recherche de précision et ce souci du détail, éléments forts à ceux qui tentent quelque chose pour la première fois. Une réponse à cette architecture cellulaire du cerveau, qui oriente notre corps et notre comportement dans un espace donné.
1. Traduction libre de mon entretien avec l’artiste
2. ibid.