Claude Tousignant : Tableaux récents et autres merveilles

Dimanche le 1er octobre 2023, de 15h à 16h
Projection du court-métrage Claude Tousignant: un dernier tableau de Zoë Tousignant

Hard-edge et résonances
Texte de Marie-Hélène Durocher

Faisant dialoguer tant d’œuvres récentes que d’œuvres réalisées durant les années 1950, l’exposition Tableaux récents et autres merveilles offre un aperçu riche et nuancé des recherches plastiques de Claude Tousignant. À travers une sélection d’acryliques et d’aquarelles, cette exposition témoigne d’un travail de redéfinition des notions d’abstraction et d’esthétique porté par l’artiste sur plusieurs décennies.

Dans la continuité d’un langage plastique qu’il développe et renouvelle depuis plus de 65 ans, Claude Tousignant déplie des espaces de réflexion sur l’expérience visuelle. Rappelant ses emblématiques cibles, les tableaux réalisés au cours des dernières années tels que les grands formats Sans titre captivent par l’uniformité et la netteté des plages de couleurs saturées, se posant ainsi dans le sillon moderne du hard-edge. Chaque pièce est le résultat d’un processus appuyé par l’expérience : le support préalablement tracé à l’aide d’une mine de plomb, le ruban à cacher posé avec précision. Les couleurs se rencontrent à la ligne, et ne s’en égarent pas. Poursuivant ses explorations géométriques dans un désir d’objectivation de la peinture, l’artiste, priorisant l’acrylique, fait de ses losanges de véritables expériences sensorielles. Dans une recherche vers le dynamisme chromatique et la planéité de l’espace pictural, ce sont les interactions perçues entre les couleurs en aplat qui procurent aux pièces leurs effets vibratoires. Les diptyques réalisés au cours des dernières années portent la signature distinctive de Tousignant et témoignent de cette méthodologie longuement développée. Dans Arcipïade par exemple, le rythme des bleus, du rouge et de l’orange structure les deux losanges. Mis côte à côte, ces tableaux qui partagent une palette chromatique commune, mais qui en altèrent habilement l’agencement, dévoilent le jeu complexe de nos perceptions.

Les aquarelles et encres sur papier, quant à elles, proposent des explorations du champ pictural qui prédatent les iconiques abstractions géométriques introduites par l’artiste une décennie plus tard. Exprimant une gestualité plus marquée, des œuvres comme les Sans titre datées de 1955 proposent des formes qui se bousculent dans la rencontre. Ces traits généreusement tirés organisent la composition tandis que la transparence du médium met en lumière les effets de chevauchement qu’ils activent. Parlant pour elles-mêmes, ces œuvres se posent encore comme tant d’explorations sur la forme et la couleur, offrant à voir les fils conducteurs qui continueront de porter les travaux de Tousignant tout au long de sa carrière.

Art Mûr tient à remercier la SODEC pour son appui.