Vernissage : Le samedi 10 mars 2018 de 15 h à 18 h
Robbie Cornelissen : The Other Room
Art Mûr Berlin
Texte d’Anaïs Castro
À travers trois décennies de travail, Robbie Cornelissen est devenu l’un des dessinateurs contemporains les plus importants d’Europe. Son univers créatif vaste et indécis illustre la complexité d’un monde aux prises avec de nouvelles questions spatiales. Certes, les quatre coins de la planète ont pu être explorés, en revanche, les technologies numériques ont ouvert un univers infini à découvrir, un labyrinthe virtuel sans issue dans lequel on peut facilement se perdre. Le travail de Cornelissen se veut une exploration de ces nouveaux champs spatiaux qui sont souvent considérés comme des lieux d’angoisse. Les œuvres de Cornelissen servent parfois des perspectives vertigineuses desquelles émergent des vides angoissants qui se réfèrent plus à des états d’esprit métaphoriques qu’à des espaces physiques tangibles. Il est facile de comprendre comment ces œuvres sont souvent interprétées comme le portrait d’un esprit technophobe, alarmé par la vitesse et les sommets extrêmes de nos sociétés néolibérales. Mais pour certains, la volatilité des espaces de Cornelissen est aussi incroyablement excitante – libératrice même. Cornelissen représente un monde dans lequel les choses sont libérées du pragmatisme de leur usage, existant simplement pour l’intérêt de leur géométrie. C’est notamment le cas de l’architecture, sujet principal de sa recherche artistique.
À bien des égards, la technique de dessin de Cornelissen est incroyablement classique. Son expertise de la perspective linéaire, notamment, prend racine dans l’héritage des maîtres du Quattrocento tels Le Pérugin, Filippo Brunelleschi ou encore Paolo Uccello. En effet, Studio di mezzocchio in prospettiva d’Uccelo est citée dans l’œuvre de Cornelissen intitulée Inner Circle (2016). Cette affiliation avec la Renaissance italienne est délibérément présente dans d’autres pièces également, dans Le Miracle (San Zaccaria) par exemple. Ce qui distingue Robbie Cornelissen de cette tradition historique, c’est la possibilité de recadrer et d’annexer des objets et des références provenant de n’importe quel contexte géographique ou historique et de les reconfigurer dans un nouveau contexte. Et avec ces juxtapositions, le spectateur est entraîné dans de nouveaux territoires où des significations infinies émergent.